8/10Le Masque du Fantôme : du Bengale à Paris

/ Critique - écrit par riffhifi, le 23/04/2011
Notre verdict : 8/10 - J’ai vu le Fantôme et j’ai ri (Fiche technique)

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Un hommage vibrant et cocasse aux comics d’hier et d’aujourd’hui, et plus particulièrement au Fantôme du Bengale. Vivement la suite du feuilleton !

Après un album collectif consacré aux habitants de la ville de Cholet (!) en 2009, Fabien Grolleau le tire (pauvre vieux, cette blague le suivra toute sa vie) en étant repéré par Delcourt : c’est dans la collection Shampooing dirigée par Lewis Trondheim que paraît le premier tome d’une série qui transpire l’amour des comics, drapée dans le titre ô combien série B Le Masque du Fantôme… Le sous-titre de cet épisode, Le Château des ombres, n’est pas en reste niveau kitscherie.

Dès la couverture, pas de doute : le personnage parodié est le Fantôme du Bengale, créé par Leon ‘Lee’ Falk et Ray Moore dans les années 30 (on notera que l’auteur du ‘Phantom of the Everglades’, le personnage de Grolleau, est crédité sous le nom de Leon Moore), et adapté plusieurs fois à l’écran de façon laborieuse (un serial dans les années 40, un dessin animé futuriste en 1994, un nanar avec Billy Zane et Catherine Zeta-Jones en 1996, et un téléfilm en deux parties pas plus tard qu’en 2009). L’histoire est connue (surtout pour ceux qui ont lu les aventures du Fantôme publiées en France dans les années 60-70, entre deux épisodes de Mandrake le Magicien) : un justicier lutte contre les contrebandiers et les saligauds de toutes sortes, en tirant son immortalité d’une simple tradition familiale qui consiste à se passer le costume de père en fils. N’empêche, le jour où l’un des Walker
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n’engendrera que des filles, ou s’avèrera stérile, ou homosexuel, ou incapable d’avoir une relation stable avec une femme, le Fantôme du Bengale s’éteindra.

Mais foin de digression, de toute façon il s’agit ici d’un autre personnage, et le format de l’album (petit, noir et blanc) rappelle davantage les fumetti italiens que les comics américains ; coup de bol, Diabolik ressemble pas mal au Phantom, et l’ambiance sombre installée par Grolleau contraste avec les aventures bondissantes du héros de Lee Falk. Car l’intrigue prend place à Paris, de nos jours, et suit les pas d’un auteur de BD versé dans le super-héroïsme. Fauché comme beaucoup de ses congénères, il accepte sans discuter la mystérieuse proposition qui lui est faite par téléphone, dans laquelle on lui parle d’être grassement payé. Y aurait-il un rapport avec le siphonné qui arpente les rues en costume de Fantôme, mettant en déroute les voyous du quartier ?

Avec un soupçon de Kick-Ass dans l’idée (un type se prend pour un super-héros dans le monde "réel"), Le Masque du Fantôme bifurque rapidement vers un traitement bien plus poétique, où l'imaginaire des personnages est traduite par une représentation quasi onirique de leur environnement. Naviguant entre deux époques, la narration est agréable, séduisante, fait l’apologie de l’imagination et défend, de façon candide mais passionnée l’art de la bande dessinée. Un bel hommage qui s’achève, bien entendu, sur un cliffhanger. To be continued, quoi.