8/10Martha Jane Cannary - Tome 1 - Les années 1852-1869

/ Critique - écrit par wqw..., le 01/07/2008
Notre verdict : 8/10 - Avant la Calamité... (Fiche technique)

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Pittoresque, la vie de Martha Jane Cannary n’en est pas moins difficile et derrière l’humour, le trait en noir et blanc souligne la profonde solitude de cette femme atypique...

Certains noms ont fait la légende du Grand Ouest américain au point que leur propre histoire a souvent été magnifiée, déformée pour devenir à leur tour légendes, sans que l’on ne sache plus très bien trier le vrai du faux. Davy Crockett, Buffalo Bill, Wild Bill Hickok ou dans un autre genre Jesse James, les Dalton, Billy The Kid, etc. Parmi tous ces noms célèbres, une femme : Calamity Jane.


C’est à celle-ci que se consacrent le dessinateur Matthieu Blanchin et le scénariste Christian Perrissin dans une reconstitution de ce que fut la vie de Martha Jane Cannary. Mais peut-on vraiment parler de vérité ? Rien n’est moins certain. Si l’on peut se fier aux travaux des historiens Doris Falker et Dee Brown, ce sont plutôt les lettres que Jane a écrites à sa fille, qu’il faut remettre en doute. En effet, celles-ci laissent apparaître un talent pour occulter certaines réalités, en magnifier d’autres, inventer le reste. Des décalages que les auteurs de cet ouvrage aiment souligner, l’image montrant ce qui s’est "réellement" passé quand le texte suit scrupuleusement ce que Jane a pu écrire.

On la suit ainsi dans ce premier tome de sa naissance en 1852 à 1869, c’est-à-dire avant que celle-ci ne soit affublée du sobriquet de Calamité. Fille d’agriculteurs pauvres du Missouri, Martha Jane dut rapidement s’occuper de ses cinq frères et
sœurs ; tentant leur chance vers l’Ouest, sa mère meurt pendant cette grande traversée et son père la suit un an plus tard, une fois établi dans l’Utah, non loin de Salt Lake City, laissant ainsi son aînée, chef de famille, à quinze ans à peine…

Un rôle qu’elle ne tient d’ailleurs pas très longtemps, abandonnant sa fratrie (poussée par une demande en mariage) pour s’aventurer sur les routes, cheveux coupés et vêtements d’homme enfilés. Liberté ? Pas facile de vivre dans ce grand espace sauvage. La faim, le froid, les loups… ou les mains avides d’un trappeur grisé par l’alcool et l’isolement. La route la pousse jusqu’à Laramie où elle redevient femme pour travailler à la cuisine du fort, puis comme lavandière. Mais là encore, il faut qu’elle reprenne la route, menant les bœufs d’un grand convoi sous le prénom de Bobby.


Pittoresque, la vie de Martha Jane Cannary n’en est pas moins difficile et derrière l’humour qui pointe régulièrement dans cette aventure dessinée, le trait en noir et blanc souligne également la profonde solitude de cette femme atypique au milieu d’une civilisation et d’une société en construction. Ce n’est que seule en selle qu’elle prend finalement ses seuls plaisirs. Bien plus qu’une biographie, cette parution des éditions Futuropolis est une vraie réussite !