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4/10Mara -Tome 2 - Le théâtre de l'innocence perdue

/ Critique - écrit par Maixent, le 16/06/2013
Notre verdict : 4/10 - Mara assassinée (Fiche technique)

Tags : mara cosimo ferri theatre tabou livre innocence

On avait découvert Mara dans un premier tome dont l’ambiance rappelait celle des Dix Petits nègres ou de la Chambre jaune avec une petite touche d’ésotérisme et une bonne dose d’érotisme un peu gratuit. On retrouve l’héroïne dans un album conservant la même ambiance, mais sans le huis-clos, l’action se déroulant principalement à Turin, et surtout avec un dessin de meilleure qualité.

Le trait de Cosimo Ferri s’est affirmé, se rapprochant de l’hyperréalisme d’un Xavier Duvet, mais sans l’aérographe, Ferri préférant les couleurs
Au fond de la cave
chaudes. Il serait exagéré de parler d’un érotisme torride ou d’un dessin réussissant par ses qualités à émouvoir le lecteur mais du moins les proportions sont respectées, les personnages ressemblent moins à des pantins désarticulés, les volumes et les arrondis des chairs mieux travaillés, leur enlevant la rigidité cadavérique du premier tome. Un travail a également été effectué au niveau de la couleur avec des dégradés intéressants et une pensée globale de la page. On remarquera particulièrement ces deux pages bleutées lorsque les héros descendent dans une cave  et y découvrent un cadavre desséché.

Car l’intrigue policière est toujours présente et Mara fait partie de cette catégorie de personnes que l’on peut voir souvent dans les films ou les séries toujours présentes lorsque la mort rôde. Sa vie est marquée à la fois du sceau d’Eros et de Thanatos, c’est pourquoi lorsque se rendant à une représentation théâtrale, la tragédienne s’effondre sur scène, poignardée, en criant son nom, ce qui n’empêchera pas notre héroïne,
Eurêka
seulement quelques heures plus tard de s’envoyer en l’air avec sa copine et un double dong.

Pour ce qui est de l’enquête policière force est d’avouer que c’est incompréhensible. Même après relecture du premier tome et en se concentrant plusieurs fois de suites sur le deuxième, il est difficile de comprendre de quoi il s’agit vraiment. Cela aurait à voir avec le passé de Mara mais il y a un tel imbroglio entre un fantôme répugnant qui veut sauver sa fille, des ecclésiastiques cachant un secret, un policier amoureux. Bref, un ensemble d’éléments qui ont sans doute un sens mais lequel ? C’est comme-ci l’auteur avait tenté un reboot de sa série, tentant de la doper au maximum, travaillant d’arrache-pied sans lever la tête et oubliant que le lecteur a quand même besoin d’être guidé un minimum pour comprendre de quoi il en retourne. On se perd dans ces circonvolutions ésotériques ardues qui desservent plutôt l’histoire et entrainent le lecteur
Viol de pied de table
dans un imbroglio qui ne se résoud pas vraiment.

Les scènes de sexe quant à elles ne sont pas vraiment excitantes, semblables à des reproductions de pornos de base. Pas d’inventivité ni de tendresse. On reste en terrain connu sans prendre vraiment de risque et sans vraiment susciter d’émotions. Il y a bien des scènes un peu violentes sensées heurter (ou émoustiller cela dépend du point de vue) le lecteur mais qui pêchent par manque de finition comme cette scène d’ouverture avec cette jeune fille se faisant violer par un homme utilisant à cette fin un instrument pouvant aussi bien être un pied de table qu’une batte de baseball et qui apparaît comme par magie.

Mara se veut sans doute trop complet, piochant entre les genres sans jamais se fixer sur aucun.  L’auteur se laisse déborder par son héroïne et tente maladroitement de combler les trous sans fil directeur. Le lecteur quant à lui reste perplexe, se demandant bien ce qu’il fait là.