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8/10Magenta - détective dépravée

/ Critique - écrit par Maixent, le 20/04/2011
Notre verdict : 8/10 - Sweet Magenta (Fiche technique)

Tags : magenta detective depravee manga guerra nik livres

Un dessin de qualité, des scénarios de série B qui raviront les amateurs, Magenta a tout pour plaire en réussissant à lier univers geek et univers fetish.

Magenta est une héroïne connue ayant été publiée chez pas moins de quatre éditeurs différents en France, dont la Musardine dans la collection Petits pétards sous forme de petits fascicules regroupant à chaque fois six histoires différentes. Cependant, c'est Delcourt qui lui rend véritablement hommage avec un bel ouvrage broché et présentant une quinzaine d’histoires inédites, lui permettant de toucher un public plus large et pas seulement des pornographes avides ne s’intéressant pas à la qualité de l’objet. 

La fille aux bas nylon
Pour ce qui est des influences de Magenta, il suffit de lire l’une des histoires intitulée « Généalogie de papier », dans laquelle Magenta elle-même, s’adressant directement au lecteur comme à son habitude, nous parle de ceux qui l’ont inspirée. Cela confirme que Magenta est la digne descendante des dessinateurs américains des années 50 que sont John Willie, Eric Stanton ou bien sûr Bill Ward qui reste l’influence majeure. Tout comme le Dr Frieda Boher dans Nécron, elle est aussi issue des fumetti italiens des années 60 et des héroïnes comme Satanik. Pourtant, elle n’est pas une héroïne passéiste, les auteurs ayant réussi le tour de force de l’ancrer dans son époque et dans la modernité, toutes ces influences étant des bases pour produire un travail plus abouti, plus violent et érotique aussi, mais toujours avec une pointe d’humour outrancier la rendant attachante et vivace. 
Maintenant que nous connaissons ses parents, on peut se concentrer sur
Lucrèce
Magenta elle-même. Déjà, elle est rarement seule. Accompagnée de Lucrèce, elles forment à elles deux l’agence Shocking Stockings (littéralement « bas choquants »), agence d’investigation privée, terrain privilégié pour exercer leurs penchants cruels envers les hommes. En effet, Lucrèce et Magenta sont toutes deux des dominatrices insatiables, ravalant les hommes au statut de sex-toys que l’on jette à la poubelle une fois les piles vidées, leurs enquêtes plus ou moins cohérentes n’étant qu’un prétexte pour user de leur sadisme viscéral. Même si les deux héroïnes se retrouvent en ce qui concerne leur appétit sexuel, elles sont à la fois différentes et complémentaires, la blonde Lucrèce étant beaucoup plus douce et naïve (voire stupide) que Magenta, véritable cerveau de l’agence et possédant un esprit retors et pervers.
Les histoires sont toutes différentes, ne se contentant pas de suivre un schéma préétabli comme on le voit souvent dans les saynètes érotiques, la plupart du temps répétitives. Les auteurs s’amusent vraiment avec leurs héroïnes, les plaçant dans des situations rocambolesques dignes des feuilletons populaires. On pourra se retrouver ainsi sur la planète Phéromon où nos héroïnes sont vêtues comme des mauvaises copies de série B. Il y a bien sûr des robots tueurs et des nonnes dépravées, des infirmières lubriques et des reines de conte de fées cruelles. On trouve aussi des
Magenta et les femmes robot
scènes qui semblent empruntées à une copie turque à petit budget essayant lamentablement de copier James Bond. Mais une certaine cohérence existe et en filigrane, une histoire suit son cours à travers les différents épisodes avec le fil conducteur du Faucon, célèbre voleur qui a succombé aux nombreux charmes et talents de Lucrèce. Les références pops foisonnent, souvent parodiées façon fetish (mieux vaut apprécier les talons aiguilles, bas résille et porte-jarretelles) mais toujours avec humour et une certaine tendresse malgré le pastiche.
Le style direct est appréciable. On ne s’embarrasse pas de fioritures, les gêneurs sont éliminés, les dialogues sont taillés à la hache et vont droit au but (ce qui ne veut pas dire qu’ils sont bâclés ou vulgaires, bien au contraire) et chacun sait ce qu’il veut. D’où une bd assez cash, avec un rythme soutenu, qui se sert de recettes connues, sans essayer de choquer à tout prix, mais plutôt de divertir et d’amuser en excitant gentiment le lecteur.
Chez Bill Ward, les pin-ups portaient des dessous affriolants et se contentaient de se montrer dans des positions humoristiques, ici, Magenta n’hésite pas à se séparer de ses collants dans des scènes explicites. C’est un peu comme si toutes ces mijaurées des années 50 avaient connu la Révolution Sexuelle et s’en donnaient maintenant à cœur joie, prenant leur revanche sur les hommes en se servant de leurs propres codes de valeur.