4.5/10Lovely Trouble

/ Critique - écrit par iscarioth, le 14/12/2005
Notre verdict : 4.5/10 - Inabouti (Fiche technique)

Tags : trouble francois maingoval lovely jeunesse alarcon franckie

Des idées en pagaille, un pitch de base alléchant, mais, au final, un album complètement désarticulé, sans finalité. Décevant.

L'histoire

Dans des temps et lieux indéfinis, mais très certainement futurs, les hommes ont cessé de ressentir. Grâce à l'absorption de pilules, ils ont éradiqué le stress, la maladie et ont même trouvé un moyen de se reproduire artificiellement. Comme tout le monde, Kick, qui travaille pour le gouvernement, se complait dans l'indolore et dans l'incolore qui remplissent sa petite existence docile. Mais le jeune homme va par hasard être amené à fréquenter les rebelles, qui ont refusé ce mode de vie...

Un pitch déjà vu mais sympathique

Lovely Trouble nous amène sur un terrain très fréquenté. Le pitch de base ne manquera pas de vous faire penser à de nombreux films parmi lesquels Demolition Man ou Equilibrium. L'album nous présente un futur à la propreté et à la perfection fasciste. Pour éviter les débordements humains, on a tout simplement supprimé l'essence humaine. L'art et la littérature sont prohibés, les rapports sexuels ont été oubliés et, n'ayant plus besoin des femmes et pouvant gérer les naissances, le gouvernement commence à ne plus en faire naître. L'univers mis en place est convaincant, bien que manquant quelque peu de profondeur : l'architecture est ultra sobre et dépouillée, on ressent bien l'idée d'un monde dans lequel on a tout interdit et où tout est contrôlé (le bon vieux truc de la puce implantée sous la peau pour contrôler les identités). Kick, qui est né dans ce monde sans saveur, va apprendre à ressentir, en compagnie de la jolie rebelle Xaëlle : laisser parler ses pulsions sexuelles , se sensibiliser à l'art et à la beauté...

Manque de vitalité

Une idée de base sympathique donc, mais une réalisation qui fait défaut. Tout d'abord, le plus apparent, la qualité médiocre du dessin. Franckie Alarcon dessine comme beaucoup d'amateurs que l'on peut lire dans les fanzines. Un dessin juvénile, visiblement influencé par le manga, un sens des proportions et de l'expressivité encore faible. On le ressent bien lors des scènes d'action, le jeune homme maîtrise encore mal la gestuelle de ses personnages. Certains plans s'enchaînent avec très peu de souplesse et l'on a souvent du mal à comprendre les mouvements effectués par les personnages, très statiques. Manque de fluidité et manque de charisme aussi avec des visages pas assez fouillés pour être qualifiés de réalistes et trop fade et inexpressif pour que l'on puisse leur trouver un charme humoristique.

Mauvaise articulation

Côté scénario, on appréciera le caractère plutôt imprévisible du one shot, avec des personnages qui, bien que manquant d'épaisseur et de crédibilité, sont difficiles à cerner et à anticiper. Lovely Trouble est dénué de tout fil conducteur. Aucun but particulier ne se dessine, à aucun moment. A partir de là, on attend du récit qu'il nous dépeigne un véritable univers. Cet univers, on ne peut pas le qualifier de pauvre. On dira juste que beaucoup de pistes ont été lancées sans être approfondies. Le principal objectif d'un récit d'anticipation de ce type est de nous faire nous interroger, nous, lecteurs, sur des notions comme le progrès, l'autoritarisme étatique et la libre pensée. On ressort de Lovely Trouble sans avoir appris, ni même sans avoir réfléchi sur certains grands thèmes ou questions. C'est à se demander pourquoi cette débauche de personnages et de péripéties, si, à l'arrivée, on n'en retient rien. Il est regrettable de constater que ce n'est pas le manque d'idée qui a étouffé Lovely Trouble mais le manque de structuration et d'organisation.


Lovely Trouble donne l'impression d'un projet inabouti. Des idées en pagaille, un pitch de base alléchant, mais, au final, un album complètement désarticulé, sans finalité. Décevant.