8.5/10Lou ! - Tome 3 - Le cimetière des autobus

/ Critique - écrit par iscarioth, le 06/07/2006
Notre verdict : 8.5/10 - Enterrement de vie de jeune fille (Fiche technique)

Tags : lou tome autobus cimetiere julien neel livre

On ne rit pas autant sur cet album que sur les deux précédents, mais l'esprit de Lou est toujours intact.

Les deux premiers albums de Lou ont pour nous été un grand coup de coeur. La petite perle de la collection Tchô, bâtie autour de Titeuf chez Glénat. Prix jeunesse à Angoulême en 2005 dès le premier album, Lou s'est affirmé avec son deuxième tome comme une série évolutive, amusante et proche des réalités. Voyons voir quel nouveau virage prend la série, avec ce troisième tome tant attendu...

Une série en temps réel, une série rare et précieuse


Evolutive, Lou l'a été dès le début, et elle le reste. La série n'est pas de celles qui présentent une situation qui tourne en rond sur trente albums. Les années passent, Lou n'a plus douze mais treize ans, elle n'est plus une gamine mais rentre dans les temps tumultueux de l'adolescence. Comme à son habitude, Julien Neel nous remet en tête les saveurs de ses personnages avec un petit récapitulatif écrit de la main de son personnage Lou, dès la première page. L'intégralité des deux précédents albums nous revient en tête. Dans la continuité des évolutions amorcées avec le deuxième tome, cet album se détache encore un peu plus d'une construction traditionnelle. Journal infime, le premier opus, était construit sur le modèle des gags en une planche. Modèle qui s'est estompé largement avec Mortebouse et qui continue de s'effacer plus définitivement avec Le cimetière des autobus. La mise en cadre se fait plus variée. On retrouve plusieurs vignettes en pleine page ainsi que certaines planches à la construction inédite (page 16, un gaufrier muet de 8 cases sur 6 !). Le scénario se fait donc de plus en plus étendu, continu, avec moins de chutes et une trame générale plus prononcée. Résultat : on rit moins, mais l'histoire se construit toujours autant dans l'évolutif.

L'adolescence comme une maladie ?

Sur ce nouvel album, Lou connaît l'adolescence. Si sa mère et son compagnon Richard sont toujours aussi foufous, Lou est moins enjouée, plus contemplative. La petite fille devient une jeune fille, elle connaît ses premiers moments de spleen adolescent. Les « symptômes » de l'adolescence sont bien décrits, mais cette période de la vie est presque présentée comme une maladie par l'auteur. Le nombre de personnages croît, avec un quatuor de copines qui se dessine. Les deux petites nouvelles s'appellent Marie-Emilie, fille de bourgeoise en pleine crise de révolte gothico-anarchiste, et K-rine, qui se la joue lascar pour mieux protéger son petit coeur. Le personnage de Marie-Emilie est réellement savoureux, avec un discours de petite rebelle qu'on croirait caricatural, mais qu'on retrouve avec à peine quelques différences chez bien des ados en crise.

Une proximité légèrement écornée

Ce qui fait la force comique et l'attachement à Lou, c'est la façon dont Julien Neel décrit avec pertinence l'environnement et le quotidien de tout un chacun. Une dimension quotidienne qui a rapproché la série de son lectorat, invité à s'identifier aux personnages. On relève quelques faiblesses à ce niveau pour ce troisième album, qui verse souvent plus dans le fantasmatique que dans le quotidien. Lou, du haut de ses treize ans, consulte un psy, sa mère, du jour au lendemain, devient l'auteur d'un best seller qui se vend même dans les petites épiceries perdues au fin fond de la France. Une fantaisie peut être excessive qui casse le semi-réalisme rose bonbon qui s'était instauré jusqu'alors.


On ne rit pas autant sur cet album que sur les deux précédents, mais l'esprit de Lou est toujours intact. Moins de gags et un peu plus de fantaisie, pour une histoire continue et toujours aussi savoureuse. Souhaitons une très longue vie à Lou. Peut être qu'un jour, nous aurons le plaisir d'avoir vu notre fillette évoluer en femme.