7.5/10Long John Silver - Tome 1 - Lady Vivian Hastings

/ Critique - écrit par riffhifi, le 21/11/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Silver skipper (Fiche technique)

Tags : long john silver tome dorison xavier lauffray

Une pseudo-suite de L'île au trésor, qui présente la particularité de privilégier des personnages féminins forts. Long John Silver, quant à lui, reprend la mer...

Long John Silver n'est pas né d'hier, puisque le gaillard à la jambe de bois fut créé par Robert Louis Stevenson pour les besoins de son roman L'île au trésor. Du coup, vous l'avez forcément croisé, si ce n'est en lisant le livre, du moins au cinéma ou à la télévision, dans une des innombrables adaptations de ce classique de l'aventure. Ici ce n'est pas d'une adaptation qu'il s'agit, mais bien d'une suite, une prolongation des tribulations de Long John imaginée par Xavier Dorison (scénariste de BD, mais aussi de films comme la consternante adaptation des Brigades du tigre) et Mathieu Lauffray. Sorti en mai dernier, l'album est gratifié ce mois-ci d'une réédition en version "luxe", en attendant les trois prochains épisodes. Hardi moussaillon.

Lord Byron Hastings est un gros macho. Parti aux Amériques avec un équipage de coupe-jarrets, il délaisse sa femme Vivian qui, restée en Angleterre, est obligée de se trouver des amants et finit par supposer son mari mort. Mais il ne l'est pas, et lorsqu'elle apprend qu'il a ordonné de la déposséder de ses biens pour financer son expédition dans la cité interdite de Guyanacapac, elle décide d'engager le pirate Long John Silver et ses associés pour partir elle-même à la recherche de l'époux voyageur...

Les hommes aux fourneaux
Les hommes aux fourneaux
Comme l'indique le sous-titre, ce premier volume s'intéresse à la séduisante Lady Vivian Hastings, et s'attarde donc en grande partie à décrire son personnage ; les trois suivants auront pour titre Neptune, Le Labyrinthe d'Emeraude et Guyanacapac, ce qui laisse supposer qu'ils seront plus tournés vers l'aventure et l'action. Ici, il s'agit de poser les bases de l'histoire, et surtout la personnalité des participants. Vivian Hastings, femme humiliée, volage, fougueuse, réfléchie, meurtrie, arrogante et attachante, éclipse facilement ses partenaires masculins, y compris le Long John du grand titre, qui n'apparaît pour l'instant qu'assez peu, et reste une figure mystérieuse bien qu'on la devine complexe. Le seul personnage qui puisse en remontrer à Vivian du point de vue du caractère est Elsie, sa femme de chambre. Le réseau d'intrigues tissé autour de ces deux femmes laisse présager un développement du plus grand intérêt...

Les femmes au stylo
Les femmes au stylo
L'intrigue constituant un prélude aux aventures à venir, le dessin se doit d'être à la hauteur pour captiver le lecteur de la première heure. Lauffray fignole des plans larges de paysages grandioses et des cadrages serrés de visages concentrés avec le plus grand talent, privilégiant les ambiances nocturnes et les tons rougeoyants du soleil couchant et du sang pour représenter l'environnement littéralement infernal dans lequel les personnages évoluent. On remarque pourtant que le trait du dessinateur perd très rapidement en précision lorsqu'il s'éloigne de ses sujets : autant un regard en gros plan sera représenté avec une intensité et un souci du détail qui rappelle certains comics (Lauffray a œuvré pour Dark Horse), autant le visage d'un personnage en pied pourra être réduit à deux traits et deux points (planche 39 par exemple). On ne lui tiendra donc pas rigueur de préférer les gros plans (il a aussi réalisé des storyboards de films comme Le pacte des loups), qu'il réussit à merveille et intègre dans une mise en page très dynamique, alternant cases en longueur et en hauteur comme un véritable défi à la monotonie.

Fans de L'île au trésor, n'espérez pas une resucée ; Long John Silver est une toute autre histoire, qui promet d'être riche en aventures mais construit pour l'instant les bases d'une intrigue riche aux personnages forts. On remarquera que la couverture de l'édition simple est plus jolie et plus mystérieuse que celle de l'édition Luxe. Mais l'album est le même, et il est bon.