Les Contes du Korrigan - Tome 9 - La colline d'Ahna
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 25/07/2008 (
Neuvième parution dans le cadre des Contes du Korrigan, cette petite BD remplit bien
son contrat sans nous en mettre plein la science.
La série Les contes du Korrigan a choisi la formule sympa de nous raconter à chaque tome des petites légendes du pays celte, impliquant les créatures
Koc'h racole là magiques qui peuplent ces régions, car elles n'ont pas trouvé de boulot à la capitale. Faisant travailler alternativement des scénaristes et dessinateurs différents à chaque parution et à chaque conte, ce principe offre l'énorme avantage de pouvoir piocher n'importe lequel des albums de la série et d'en profiter comme de juste, sans avoir à souffrir de ne pas connaître par cœur ses grands ou petits frères. Le neuvième épisode ici présent nous propose Koc'h le korrigan, grand compteur devant l'éternel, venu distraire sur la colline d'Ahna (Dinan) son public de lutin et autres elfes à qui cette nuit du 31 octobre, soit Halloween (ou la Samhain pour les buveurs de jus de Hêtre) appartient. C'est la nuit du nouvel an celte, et les petites créatures comptent bien en profiter un max en se gavant les oreilles (et non les narines) des paroles de Koc'h. Il faudra d'ailleurs bien envisager de reconnaître un jour qu'avec des noms pareils qui sont pleins d'apostrophes dans tous les sens, les Celtes ont eux aussi subi la domination Goaul'd.
C'est sur trois petits contes, dont la simplicité et la franchise offre des trésors de morale, que Koc'h fait son show, de minuit à l'aube, et on a beau ne pas croire au lutin, c'est avec un certain plaisir que l'on parcourt ces histoires. Scénarisé en
La charge du lutin légergrande partie par Ronan Le Breton (ça tombe bien), sauf pour La teigne de Saint-Malo, par Thomas Mosdi, l'album trouve ainsi son unité qui, on ne le répètera jamais assez, est l'élément comportant le plus de facteurs de risque dans l'exercice de l'ouvrage collectif. Cette cohésion est aussi renforcée par la proximité de style graphique existant entre Stéphane Créty et Alberto Jiménez Albuquerque, proximité assez étonnante quand on sait que l'un est né à Charleville-Mézières en 1969 et l'autre à Madrid en 1982, et que l'un a trois mots dans son nom et l'autre seulement deux. La seule histoire qui gâche un peu la fête (car il en fallait une) est Le violon des Paotred Ar Sabat, pour laquelle le dessin mais surtout la couleur de H. Tonton dénote un peu trop fort avec le reste de l'ouvrage, d'autant plus que les autres partagent le même langage graphique, et parfois le même coloriste, Mick. Ceci dit, le conte en question fait suffisamment résonner l'inconscient collectif pour ne pas trop grever l'intérêt que l'on peut lui porter, embarqué que l'on est par les pages précédentes.
Que ce petit bémol ne nous empêche donc pas de conclure que l'ensemble du boulot est bien fait, que ça ne se la raconte pas trop élitiste du folklore breton et que c'est agréable, pour une fois, que les petits êtres magiques ne cherchent pas à nous couper en rondelles ou à nous planter des allumettes sous les ongles des pieds.