8/10La Légende du Changeling - Chapitre 3 - Spring Heeled Jack

/ Critique - écrit par plienard, le 19/04/2010
Notre verdict : 8/10 - Le jack bondissant (Fiche technique)

Après avoir perdu son père, puis sa mère, Scrubby va ici retrouver Laura complètement lacérée par un sérial killer. Le sort s'acharne décidemment sur lui et ceux qu'il aime.  


Avec l'aide des nains, Scrubby, Laura et Rob parviennent à sortir de la mine. Ils sont vivants car Scrubby et Rad font partie du monde féérique et Laura a survécu grâce au baiser que lui a donné Scrubby. Mais ils s'en sont sortis pour retomber dans une ville en feu. Scrubby va d'ailleurs en profiter pour éliminer le responsable de tout cela en incendiant la maison où il se cache. Après cet épisode, la survie reprend ses droits, les riches dans leurs belles demeures et leurs jolis fiacres, les pauvres dans les bas fonds et la vase. Et c'est là que l'on retrouve Scrubby, en train de fouiller la vase, à la recherche de quelques trésors à pouvoir échanger contre un joli foulard en soie pour Laura. Mais la belle n'en profitera pas longtemps. Elle sera la victime d'un tueur en série qui rappelle étrangement celui de Whitechapel.

Xavier Fourquemin, le dessinateur, est notamment connu pour son fameux diptyque Miss Endicott, dans la collection « Signé » du Lombard. D'ailleurs, il y a quelques ressemblances entre les deux séries. Les ruelles pauvres et sombres du Londres du XIXème siècle - le Londres de Jack l'éventreur et de Peter Pan - sont servies par son style qui sied admirablement à ce genre d'atmosphère. Il a un mélange de réalisme et de fantasy qui lui est personnel et caractéristique. Ses personnages ont, comme on dit au cinéma, des gueules. Des gueules, comme dans le Delicatessen de J.P. Jeunet. Celles qui transpirent la pauvreté, le vice ou le malheur mais avec toujours une pointe d'humanité. Mais ces gueules ne sont jamais horribles, elles témoignent juste de leur état social.

Pierre Dubois, le scénariste, apporte lui la note de poésie, sa science du monde des fées, qui fait que nous ne sommes plus seulement dans une satire sociale mais aussi dans un conte à la Peter Pan.
Pour ceux qui ne le savent pas, Pierre Dubois est elficologue, c'est-à-dire qu'il étudie et est un spécialiste du monde du merveilleux. Dans ce tome, ce monde est cependant peu présent. Au début, il y a bien les nains qui aident Scrubby et ses amis à sortir de la mine, ainsi que cette fée qui sort de l'eau pour disparaître aussitôt à l'arrivée de la police, et c'est tout. Mais gageons que la suite de cet épisode sera plus fantastique. En tout cas, même si le scénario est classique, voire convenu, la symbiose avec le dessin fait son effet. On est transporté par l'histoire. On regrette malgré tout que, après avoir perdu son père et sa mère, Scrubby retrouve assassinée la femme pour laquelle il a une affection particulière et que cela ne fasse pas l'objet d'un traitement plus approfondi. Remarquons que cette histoire fait écho à une histoire étrange se déroulant de 1830 à 1904, et racontant un être maléfique affublé d'une cape et d'un casque qui lui donnait l'air d'une sorte de diable. Ses yeux ressemblaient à des boules de flamme bleue et blanche et ses mains portaient de longues griffes acérées. Il agressait de nombreuses personnes et réussissait à s'enfuir en faisant des bonds prodigieux au-dessus des haies ou sur les toits. Il était nommé spring heeled jack, le jack bondissant.

Pour conclure, on est dans la continuité de la qualité graphique des précédents albums. Mais il manque cette pointe de merveilleux qui , espérons-le, refera son apparition dans le prochain tome.