9.5/10Lady Mechanika - Tome 4 - La Dama de la Muerte

/ Critique - écrit par Maixent, le 03/12/2017
Notre verdict : 9.5/10 - La mort vous va si bien (Fiche technique)

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Du Mexique a Londres. Deux aventures mystérieuses et envoutantes

On n’arrête plus Lady Mechanika, toujours en quête de nouvelles péripéties riches en couleur et en fantaisie. Dans ce quatrième tome scindé en deux parties distinctes, nous renouons avec la continuité de l’arc narratif qui s’intéresse au passé de la dame cyborg puis nous partons fêter les morts au Mexique.


Enfant cobaye

 

Dans la première partie, l’action se situe à Mechanika City qui n’est pas sans rappeler le Londres de Jack L’éventreur façon Peter Pan de Loisel. Intitulée « Les garçons perdus de West Abbey », elle nous plonge dans un Londres steampunk où l’on s’attend à chaque page à croiser Oliver Twist ou Gavroche, ces figures emblématiques de l’enfant des rues si chère aux romanciers du XIXe. Accompagnée dans son enquête par un ténébreux et séduisant policier, Lady Mechanica met à jour un odieux trafic ésotérique. En effet, les enfants perdus servent de cobaye à un riche vieillard désireux de tromper la mort en transférant sa conscience dans un golem mécanique suivant les rites ancestraux de la kabbale. Une aventure pleine de rebondissements qui nous en apprend également sur la quête personnelle de Lady Mechanika, toujours à la recherche de son passé. Mieux centrée encore que les précédents, ce récit est d’une extrême justesse, mêlant avec brio romance, occultisme, aventure et un gros robot tueur. Lady Mechanika était déjà un très beau personnage mais il gagne de plus en plus en maturité, s’entourant d’une galerie de personnages attachants et justes comme Archibald Lewis et Winifred que l’on avait déjà rencontré dans les tomes précédents. Le tout servi par un dessin implacable, à la fois esthétisant et sombre, qui nous plonge immédiatement dans cette ambiance poisseuse du Londres victorien.
Cavaliers de l'Apocalypse

 

Et si le dessin de la seconde partie est plus coloré, il n’en est pas moins angoissant. Le Dia de los Muertos au Mexique est une fête joyeuse à priori. Cette fête se distingue des autres fêtes des morts et notamment des fêtes chrétiennes par le caractère festif de certaines traditions et par la réalisation d'autels privés dédiés aux morts et couverts d'offrandes, d'objets, de fleurs et de nourriture. Mais si Nuestra Senora de la Santa Muerte est un personnage positif associé à la guérison et la protection dont Lady Mechanika devient l’incarnation, la mort a un autre versant, beaucoup plus sombre, appelé Xibalba dans la tradition aztèque, et qui pourrait correspondre à l’Enfer, représenté ici par des cavaliers encore plus terribles que ceux de l’Apocalypse. Chevauchant de superbes montures hérissées de flammes vertes et arborant des masques de démon, ils sont magnifiquement représentés et hantent les villages provocant massacre et désolation. On se rendra compte, comme dans Scooby-Doo, que les plus dangereux ne sont pas les démons mais les hommes qui volent leurs attributs et qui sont d’autant plus hideux sans leur masque de Ghost Rider. Bourré de métaphores subtiles, de références à la culture du Mexique respectueuses et d’humanisme, le récit nous embarque dans un monde exotique d’une beauté sans pareil.


Transformer

 

Lady Mechanika continue à être un récit brillant qui ne s’essouffle jamais, transportant le lecteur dans un monde qui emprunte à divers univers mais sans jamais les piller et toujours avec le ton juste malgré une certaine violence qui plus que par des gerbes de sang passe par la tristesse de la femme robot face aux exactions des êtres uniquement fait de chair.