7.5/10Kinky & Cosy

/ Critique - écrit par athanagor, le 23/01/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Nix amère (Fiche technique)

Kinky & Cosy sont deux petites filles à la jupe rouge et à la morale plutôt dans les chaussettes. Voici l'intégrale de leurs outrages.

Kinky et Cosy sont, en Belgique, les mascottes du Secrétariat des Droits des Enfants, car elles représentent des enfants qui ne se laissent pas faire et ne sont donc pas des cibles pour les prédateurs sexuels. Mais ne nous y trompons pas, c'est assez cru, et donc ce n'est pas un livre pour les enfants (plutôt ados-adultes, dixit le dossier de presse), ou alors à vouloir les perturber un peu avant l'âge normal pour devenir sociopathe. En effet, si Kinky et Cosy ne se laissent pas faire, c'est plus dans une perspective qui consiste à amener des armes en cours. De plus les histoires parallèles sont fréquemment peuplées de godemichets et de cagoules en cuir. Vous voilà prévenus...

Mais peuQue dire d'autre ?
Que dire d'autre ?
importent ces considérations concernant un éventuel public cible, que nous laissons bien volontiers aux autorités compétentes, car ici nous sommes entre adultes (j'en veux pour preuve que ce site n'a pas été fermé malgré les articles rédigés par Maixent), et voici ce qu'un adulte y voit : Kinky et Cosy, c'est avant tout un univers, sans trop de queue et encore moins de tête, dans lequel navigue une galerie de personnages très restreinte, habitants d'un hypothétique village de petite taille où tout le monde se connaît. Cet univers est régi par les règles fluctuantes et caractérielles de l'absurde et se développe principalement dans des strips de trois cases, tantôt définitifs, tantôt prolongés par les strips suivants, en une myriade d'idées généralement hilarantes et quelquefois impayables. Rien n'est impossible dans le déroulement de ces aventures, le but étant avant tout de conclure la troisième case par l'idée venue à l'auteur quand il buvait son café matinal, le réexpédiait dans les ténèbres absconses du système d'élimination des eaux usées de sa ville ou encore quand il en effaçait le souvenir de ses dents par un brossage énergique et mentholé.

Les 316 pages couleurs de cet ouvrage se découpent donc suTout est dit.
Tout est dit.
r ce mode, bon gré mal gré, avec des variations plus ou moins longues sur un thème surgi d'on ne sait trop où, tâchant de suivre l'ordonnancement en simili-chapitres élaboré autour de chacun des personnages phares, à chaque fois illustré par une photo de Nix, déguisé en ce personnage. Mais la logique glissante de l'ensemble ne saurait s'arrêter au simple fait de ne narrer que des histoires autour du personnage qui prête son image au chapitre. Ainsi, le chapitre de l'agent Lex, policier corrompu et incompétent qui hante la ville, est orné d'une excellente suite de strips sur le crash d'un avion, dont le dernier est emblématique de tout le reste de l'ouvrage : le pilote dans la cabine de pilotage rédige, à trente secondes du crash de son appareil, une lettre demandant sa mutation pour un job plus tranquille dans un bureau, mutation qu'il obtient in-extremis, sauvant ainsi sa vie. Bien que tout le reste ne soit pas toujours aussi bon, l'esprit est identique et les amateurs s'en lècheront les doigts.

Le côté livre pour enfant est néanmoins assumé malgré la profusion, à plusieurs reprises, d'outils phalliques en latex et de positions et insinuations scabreuses. Ainsi, l'ouvrage se termine par une série de jeux du genre labyrinthe et numéros à relier pour savoir ce que voient les protagonistes, mais encore et toujours dans un esprit nonsensique outrageusement rafraîchissant. Suivent des pages à découper pour fabriquer soi-même en 3D les personnages de la BD et leur faire jouer leurs rôles en prenant des voix plus ou moins aigües. Nix avoue avoir choisi de centrer ses histoires autour de ces deux petites filles, pour pouvoir illustrer que les adultes ne sont, finalement, que des enfants, devenus trop fiers pour demander comment ça marche, mais qui n'en comprennent pas plus. Nul doute que ces jeux leur sont destinés.