5.5/10Kaamelott - Tome 2 - Les sièges de transport

/ Critique - écrit par riffhifi, le 12/01/2008
Notre verdict : 5.5/10 - Transports communs (Fiche technique)

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Kaamelott en BD, c'est une initiative louable mais pas très réussie. Alexandre Astier ne peut pas être victorieux sur tous les tableaux.

Kaamelott, c'est une aventure multiforme pour l'homme-orchestre Alexandre Astier. D'abord envisagé comme une série traditionnelle, elle fut ensuite produite au format 3 mn, puis en téléfilms de 52, en attendant un long métrage cinéma annoncé prochainement. Entre-temps, et non content d'être scénariste-réalisateur-interprète-monteur-compositeur de la série, Astier développe une extension de Kaamelott en bande dessinée. Comme le premier tome, celui-ci est contemporain du Livre I, à l'époque où les Chevaliers de la Table Ronde n'avaient pas encore pris l'habitude de faire sécession ni de sombrer dans la folie meurtrière. L'ambiance est donc bon enfant. Pour les collectionneurs, notons que ce deuxième tome, comme le premier, est sorti simultanément en édition normale et en édition collector en noir et blanc, assortie de nombreuses pages d'explication et de croquis originaux.

Les Vikings sont un peuple de grands cons moustachus virils et agressifs. Pour couronner le tout, ils sont férus d'objets magiques, et se sont mis en tête de collectionner les tabourets, pour une raison qu'on ne révèlera pas au lecteur avide
de suspense. De leur côté, Perceval et Karadoc trouvent eux aussi un tabouret...

L'efficacité de Kaamelott, la série, ne provient pas tant de sa réalisation, sobre et effacée, que de l'efficacité impitoyable de ses dialogues et de ses acteurs. Dans la comédie comme dans le drame, Astier sait écrire et diriger ses acteurs avec un talent monstre. En bande dessinée, la moitié du plaisir vient du visuel ; que faire dans le cas de Kaamelott ? Transformer les personnages en figures caricaturales en misant sur l'impact comique du dessin, ou choisir de les représenter de façon réaliste, en leur donnant les traits des acteurs de la série ? Confrontés à ce cas de conscience, Astier et le dessinateur Steven Dupré ont opté pour la deuxième solution. On retrouve donc Arthur, Léodagan, Lancelot et les autres sous les traits de leurs interprètes, à quelques imperfections près. L'avantage, c'est de pouvoir retrouver facilement le ton de la série, entendre les voix des acteurs en reconnaissant leurs visages ; l'inconvénient, c'est que le dessin n'est ni impressionnant (comme dans la série, l'histoire ne mise ni sur les décors ni sur l'action, contrairement à ce que la couverture de ce second tome annonce) ni drôle, et qu'on se demande régulièrement pourquoi ce scénario n'a pas fait l'objet d'un épisode spécial, plutôt que d'une bande dessinée. A vouloir trop respecter l'image que les lecteurs-spectateurs ont de Kaamelott, Astier et Dupré sous-exploitent complètement le médium nouveau qu'ils abordent. A peine l'introduction des Vikings suscitera-t-elle
un semblant d'intérêt chez le lecteur, malgré son faible développement comique.

Les sièges de transport ne sont pas pour autant une lecture désagréable, on y retrouve régulièrement l'humour de la série, mais on n'y rit qu'au prix d'un effort d'imagination qui consiste à imaginer les acteurs vocaliser les répliques. La bande dessinée ne se suffit pas à elle-même, ce qui est bien regrettable. On peut largement déplorer le manque de témérité déployé ici, alors que les dernières saisons télévisées témoignaient au contraire d'une volonté d'explorer bravement de nouveaux territoires de narration contre toute attente.


La bande dessinée n'est pas forcément un art incompatible avec l'histoire et le style de Kaamelott, mais pour l'instant, ses auteurs n'ont pas vraiment trouvé le moyen de concilier les deux mondes. Dommage.