7/10La Jeunesse de Blueberry - Tome 19 - Rédemption

/ Critique - écrit par riffhifi, le 17/09/2010
Notre verdict : 7/10 - Blueberry heals (Fiche technique)

Une nouvelle histoire se clôt pour le jeune Blueberry... serait-ce la dernière avant le bouclage de boucle ? En tout cas, les amateurs de western old school y trouveront leur déjeuner comme d'habitude.

Pour les amateurs de polar, Jim Thompson est un auteur américain dont les écrits ont inspiré des films tels que Coup de torchon, Série noire, Guet-apens et le récent The Killer inside me ; mais pour les acharnés de Blueberry, qui continuent à faire leurs devoirs malgré l'éloignement que Jean Giraud a pris avec son personnage, Jim Thompson est également le nom d'un pasteur sadique apparu dans l'album 1276 âmes l'an dernier. Le nom n'a pas été choisi par hasard, puisque Thompson le romancier a signé un bouquin appelé 1275 âmes... Suite et fin du diptyque, Rédemption montre l'issue de la confrontation du jeune lieutenant Blueberry avec cet homme d'église aux méthodes
saignantes.

Ancêtre pistolero du personnage de Robert Mitchum dans La nuit du chasseur, Jim Thompson remplit sans problème son rôle de vilain pittoresque, un élément parmi d'autres au milieu d'une bande dessinée qui, comme toujours, répond aux codes d'un univers western comme on en trouvait il y a trente ans dans les petits formats Kiwi, Mustang ou Rodeo : quête de justice, trahisons, demoiselle en détresse, jolie pépée au milieu d'un visage de bouseux, n'attendant que l'arrivée du beau gosse mal rasé pour tomber la chemise, etc. Au passage, on note que les bouseux en question sont majoritairement roux, ce qui peut s'expliquer de diverses façons (consanguinité, représentation littérale par les auteurs de l'appellation redneck, écoulement de stock par la coloriste d'un surplus d'orange...) et semble être une condition... contagieuse ! En effet, le général Sheridan, barbu personnage châtain dont la barbe affiche parfois des reflets poivre et sel, devient roux sans raison apparente à la planche 35.

Comme à son habitude, Michel Blanc-Dumont livre un dessin au poil dans l'esprit de Tartuffe II : la revanche
Tartuffe II : la revanche
Giraud, avec une mise en page dynamique qui alterne les valeurs de plan avec une régularité judicieuse, et François Corteggiani un scénario dont le classicisme et le sentiment de déjà-vu ne nuisent pas à la lecture, tout en glissant une allusion mythologique à la sorcière Circé. Amusant, pour un récit situé à une époque où le chef des armées (et futur président des USA) est le général Grant, prénommé... Ulysse.

Trente-cinq ans et dix-neuf opus après son lancement, la série consacrée à la jeunesse de Mike Blueberry semblait enfin prête à se clore, pour que le lecteur puisse embrayer sur la lecture de ses aventures ultérieures... Mais c'était compter sans l'enthousiasme inépuisable de Corteggiani et du couple Blanc-Dumont, qui fomentent déjà un vingtième album appelé Gettysburg. C'est sans doute un concours de longévité avec Les tuniques bleues : qui jettera l'éponge en premier ?...