7/10La Jeunesse de Blueberry - Tome 18 - 1276 âmes

/ Critique - écrit par riffhifi, le 24/09/2009
Notre verdict : 7/10 - Où sont les âmes ? (air connu) (Fiche technique)

Blueberry est toujours jeune, et se coltine cette fois un pasteur maléfique et ses ouailles vindicatives. De la bd bien calibrée, qui occupe efficacement l'espace laissé vacant par Jean Giraud dans la mythologie du héros.

S'il y a un mec qui ne se laisse pas abattre, c'est bien François Corteggiani. S'il dit qu'il livre un album par an de La jeunesse de Blueberry, il le livrera contre vents et marées, même s'il doit faire face dans le même temps à la liquidation de Pif Gadget dont il est rédacteur en chef ! C'est donc moins d'un an après Le sentier des larmes que nous voyons sortir ce nouveau début de diptyque, toujours illustré par Monsieur Blanc-Dumont (Michel) et mis en couleurs par Madame (Claudine). Le trio ... alors qu'il était venu chercher du beurre et du produit vaisselle.
... alors qu'il était venu chercher
du beurre et du produit vaisselle.
a définitivement pris possession de cet univers, que l'on doit au départ à Jean Giraud et Jean-Michel Charlier (1276 âmes est d'ailleurs dédié à ce dernier, disparu le 10 juillet 1989), et sur lequel le dessinateur Colin Wilson a promené ses bottes durant six tomes. En l'absence de la production de nouvelles aventures du « vrai » Blueberry par Giraud, on est d'ailleurs bien contents de pouvoir se tourner vers Corteggiani et le couple Blanc-Dumont pour avoir une rasade régulière d'aventure et de western à l'ancienne.

Le lieutenant Blueberry commence clairement à prendre la forme de la canaille qu'on le sait destiné à devenir : mal rasé et tout bourré, il est recruté par Baumhoffer, le moustachu de l'agence Pinkerton, pour accomplir une mission spéciale (elles le sont toutes) : sauver la nièce du général Sheridan, enlevée par un pasteur fou et ses sbires dégénérés. Bien entendu, son chemin sera semé d'embûches, etc. etc.

Du classicisme de la narration et de l'illustration, il n'y a plus grand chose à dire : la lecture est agréable, ponctuée de détails historiques piochés dans le vivier de cruelles anecdotes que la Guerre de Sécession recèle, et le dessin est comme toujours irréprochablement dans l'esprit de Giraud. On peut se demander toutefois si l'immuable logique du diptyque n'a pas poussé Corteggiani à rallonger artificiellement le récit, afin de ne pas tirer toutes ses cartouches trop vite : l'exposition est inhabituellement longue (le dialogue entre Baumhoffer et Blueberry Les auteurs ont tout misé sur les dialogues
Les auteurs ont tout misé sur les dialogues
traînasse pas mal), et certaines péripéties sentent le remplissage comme il se pratiquait dans les bonnes vieilles bandes dessinées des années 30-40, lorsqu'il fallait enchaîner les rebondissements sans se soucier d'une histoire globale. Dans le cas présent, on fait confiance au scénariste pour savoir où il va, et pour clôturer l'intrigue dans le prochain tome d'ores et déjà intitulé Rédemption. Il s'agira du 19ème album de La jeunesse de Blueberry : peut-être est-il temps de prévoir la fin de cette para-saga aux alentours du tome 20, et de lui faire rejoindre le début de Fort Navajo ? Pourquoi ne pas se tourner vers une nouvelle série, façon La vieillesse de Blueberry ? « Damn, où ai-je encore mis mes lunettes pour lire le journal ? Bloody Hell, ma vie ne sera-t-elle donc que tourments sans fin ? »