La Jeunesse de Blueberry - Tome 16 - 100 dollars pour mourir
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 25/09/2007 (Le jeune Blueberry ne l'est plus tellement ; ses aventures n'en sont pas moins d'une qualité constante et d'une fidélité exemplaire à la série de Giraud
Blueberry et les Tuniques Bleues n'ont pas en commun que leur couleur : tous deux sont des titres majeurs de la bd western francophone, bien vivants depuis plus de 35 ans. Mais si le deuxième s'est laissé progressivement s'enfoncer dans une morne routine, le premier a su se renouveler perpétuellement malgré la multiplication de ses incarnations (à l'heure actuelle, on en compte trois : Mister Blueberry, Marshall Blueberry et La jeunesse de Blueberry).
Si elle n'est plus menée ni par Charlier ni par Giraud (les créateurs du personnage) depuis le tome 7, la série La jeunesse de Blueberry créée en 1975 se porte bien, en entamant aujourd'hui un nouveau diptyque avec ce seizième tome. Au bout de seize opus, le jeune Blueberry n'est plus si jeune. A terme, il serait même souhaitable que cette série rejoigne le début des aventures du Blueberry adulte, afin de boucler la boucle. En attendant, Mike est toujours lieutenant dans l'armée nordiste, et cet album entame une nouvelle histoire qui sera terminée dans le prochain.
Hommes en uniformeParmi les morts de la bataille de la "Cumberland river", il y avait... des vivants ! En l'occurrence, un indien Cherokee, qui profite de la surprise générale pour essayer de filer. Blessé à mort, il n'a que le temps de révéler au sergent Grayson, à moitié Cherokee, qu'il était chargé d'une mission de la plus haute importance. Grayson et Blueberry, à l'insu de leur hiérarchie, partent à la recherche de l'homme que le Cherokee devait protéger...
Homme sans uniformeCorteggiani et le couple Blanc-Dumont sont désormais rôdés à la pratique de Blueberry. Ce nouvel arc confirme la maîtrise qu'ils ont du récit westernien, tant dans ses figures imposées (la solidarité entre indiens qui ne se connaissent pas, les soldats nordistes égoïstes et rapaces) que dans le dessin, aussi fidèle que possible au style de Jean Giraud. Il est même étonnant de constater que Mike Blueberry, conçu à l'origine comme un clone de Jean-Paul Belmondo, affiche aujourd'hui encore cette ressemblance au détour de certaines cases. Les planches de Michel Blanc-Dumont, par ailleurs, privilégient savamment les cases en longueur, répliquant un format de type cinémascope qui sied à merveille aux fusils et aux chevauchées.
Côté intrigue, on est en plein mystère : Blueberry et le sergent Grayson foncent tête baissée dans une aventure dont ils ignorent tout, délaissant leur uniforme pour le costume civil. Qu'il s'agisse de la jeunesse de notre lieutenant Myrtille ne fait plus tellement de différence avec ses aventures adultes : il ne s'agit désormais que d'une série parallèle à celle de Giraud, d'une facture exemplaire pour qui aime le western et le classicisme énergique et soigné. Terminé de façon bien abrupte, l'album trouvera sa résolution dans le volet suivant, intitulé Le sentier des larmes. Comme on dit traditionnellement : à suivre...