6/10I.R.$. - Tome 11 - Le chemin de Gloria

/ Critique - écrit par athanagor, le 01/07/2009
Notre verdict : 6/10 - Director's cost (Fiche technique)

Larry B. Max est de retour à L.A. et cette fois-ci, il n'en bougera pas. Du moins, tant qu'il n'aura pas retrouvé Gloria et sa liasse de formulaires 7B.

Larry B. Max en a marre que Gloria, son idole, aille faire la prostituée dans les bas-fonds de L.A. Avouons-le, pour une ancienne icône d'Hollywood, ce n'est pas très standing. Ce coup-ci, l'opération de sauvetage tourne à la gabegie : Larry B. tache son costume et il se prend une sévère dérouillée par les "employeurs" de Gloria. Qu'à cela ne tienne ! Larry B. est pugnace, et il faut bien l'être pour obtenir le droit de porter un flingue quand on bosse aux impôts. Parallèlement à l'enquête qu'il mène pour retrouver Gloria et coller un contrôle fiscal pas piqué des hannetons à ses ravisseurs, Larry B. est approché par des inspecteurs du L.A.P.D. Le suicide récent d'un terroriste notoire remet en lumière les circonstances de la mort de Robert Max, père de Larry B. Son avion privé ne se serait pasBon, lui c'est un méchant !
Bon, lui c'est un méchant !
écraser tout seul, mais il aurait été aidé en cela par ledit terroriste. Larry B., tourneboulé par cette nouvelle, continue tout de même son enquête, mais Gloria ayant été la maîtresse de Robert Max, il est fort à parier que les deux affaires sont liées.

Un des points forts de cet opus, c'est le changement de technique utilisée par le dessinateur Vrancken. Se mettant pour le coup au lavis (soit la dilution progressive d'une même couleur pour constituer les différentes couches d'une illustration), il apporte à son style une certaine évolution. Néanmoins, son style demeure, et même si le lavis apporte encore un peu plus de réalisme dans un dessin qui était déjà très photoréaliste, les problèmes d'immobilité et de perspectives étranges sont toujours là, bien qu'elles ne risquent pas de gâcher le plaisir des fans.

Comme pour le dernier épisode, une énumération concernant l'histoire se révèle possible, mais elle souligne ici un aspect de plus en plus déroutant quoi qu'intéressant : Vrancken et Desberg respectent quasiment à la lettre les codes du cinéma hollywoodien, tant et si bien qu'on finit par se demander si leur point de vue n'est pas totalement ironique :

- Tous les personnages sont issus d'un casting drastique : tous sont beaux et certains rappellent des acteurs réels. L'homme de main taciturne évoque Cillian Murphy dans Batman Begins, et comment rater Marlon Brando, version Apocalypse Now, dans le Grand Méchant Malfrat (pour ne citer qu'eux).

- Toutes les femmes qui évoluent dans ce monde sont divines, jusqu'à l'excès de cette inspecteur du L.A.P.D., qui se tient en permanence comme pour une séance photo professionnelle.

- Les personnages sont des clichés appuyés : la belle inspectrice blonde est devenue lesbienne après aEt lui ?
Et lui ?
voir été trahie par un homme. Son collègue chicanos, qui tente de la draguer, économise comme un fou pour faire venir sa famille du Mexique. Et quand ils ne se conforment pas à un cliché, ils l'illustrent parfaitement. Ainsi, le Grand Méchant Malfrat n'apparaît que dans son écrin d'aquariums muraux, allant du sol au plafond : c'est un gros poisson.

- L'homme qui fait le lien entre les deux affaires va tout cracher, quand un tueur chauve en costume noire et chemise blanche le zigouille du balcon d'en face. Et quand Larry B. lui court après, il balance à la volée des blagues comprises seulement par des avocats fiscalistes, comme autant d'apartés à l'adresse du spectateur.

- L'album se termine sur le double effet de la présentation d'un personnage que l'on supposait mort et un cliffhanger stressant ouhlala.

Bref la BD est construite comme un blockbuster, allant même jusqu'à adopter un titre qui rappelle Les sentiers de la gloire de Kubrick. Et c'est assez intéressant pour un ouvrage dont toute l'action se situe à L.A., capitale du cinéma, avec bien sûr pour personnage principal le fils d'un défunt producteur ; mais ici on touche presque à l'autodérision. Bref on ne sait plus trop quoi penser du discours des auteurs qui portent sur la page des histoires d'argent, avec comme moteur suprême aux investigations de Larry B., cette femme, Gloria, ancienne star d'Hollywood qui ne vieillit pas.

Cet album, clairement calibré comme album d'exposition pour préparer le suivant, sur le principe des diptyques de la série, reste pourtant assez vide dans son développement, et on a confusément l'impression, comparé au dernier, qu'il ne s'y passe presque rien. Malgré l'intention probable des auteurs concernant le fond, la forme reste celle d'un album sérieux, où on s'embête un peu. On a du mal, sans être mordu de la série, à se passionner pour ce qui s'y passe et ce qui va se passer dans le prochain tome.