7/10Interface - Tomes 1 et 2

/ Critique - écrit par iscarioth, le 02/08/2006
Notre verdict : 7/10 - Intermédiaire (Fiche technique)

Tags : tome livre manga interface pages livres prix

Critique des tomes 1 et 2 : Interfaces est une série musclée, qui ose plus dans sa forme que par son fond. Rien de spécialement novateur, mais rien non plus de véritablement antipathique.

La collection Fictions de Dargaud, lancée début des années 2000, peine à convaincre et connaît depuis l'an dernier un ralentissement dans son rythme de publication. On reproche à la collection un manque de caractère, une ligne directrice qui ne va pas plus loin que l'exploration des sentiers communs de l'anticipation et de la science-fiction. Les passeurs des étoiles, Libre à jamais et Chrome sont des exemples de séries qui ont eu du mal à trouver leur public et à séduire. La plus franche réussite vient du sauveur Morvan, avec sa série Reality Show. Un nouvel avatar de la collection vient de paraître en cet été 2006, il s'agit du deuxième opus d'Interface, une BD d'action se déroulant dans un futur où les multinationales et gouvernements se disputent le contrôle des pilules à faire rêver.


Le premier tome mettait très explicitement en place un univers futuriste parfaitement sordide. Un chaos urbain, des explosions, fusillades, effets sanguinolents et cadavres en pagaille. On nous présentait aussi le personnage principal, Vacendak, tout nouveau dans les forces de police et embarqué dans des manipulations qui le dépassent complètement. L'archétype même du héros en apparence crédule mais en réalité moins bête qu'il n'en à l'air. Les enjeux (la liberté contre l'imposition) et les oppositions entre les personnages (force de police contre renégats) sont simples à comprendre, basiques, mais le fond de l'histoire l'est moins. Sans trop de formules explicatives, Interface nous immerge dans une histoire bien dosée en noms, références et contextes (on nous parle d'un conflit pendant lequel les multinationales ont renversé le pouvoir des états). Les deux albums sont très chargés en scène d'action, la survie des personnages étant constamment menacée. Les onomatopées et scènes chocs sont fleuves.


L'histoire, en apparence typée, pouvait laisser croire à une bande dessinée accessible aux plus jeunes. En réalité, les auteurs semblent vouloir revendiquer une certaine dureté, en choisissant par exemple le plan américain plutôt que le plan rapproché pour une scène de douche, où l'on nous laisse apercevoir le pénis du héros. Le travail fort stylisé de San Juliàn renvoie dans un premier temps au très grand dessinateur Humberto Ramos. A la lecture, le dessin, même s'il est agréable, impressionne moins. Les personnages, masculins comme féminins, sont musculairement hypertrophiés et renvoient à certains comics américains. Les gueules sont épaisses, l'encrage fort prononcé. Les décors et arrière-plans sont fouillés à défaut d'être exceptionnellement novateurs. La coloration, informatisée et réalisée par Oriol San Julian, vraisemblablement le frère de Sergi, est en parfaite adéquation avec le style employé par ce dernier. Sans jamais surprendre, le dessinateur arrive tout de même à générer des ambiances et à assumer pleinement les scènes d'action.


Interfaces est une série musclée, qui ose plus dans sa forme que par son fond. Rien de spécialement novateur, mais rien non plus de véritablement antipathique.