6.5/10In Nomine Tome 1 - La course à l'évangile

/ Critique - écrit par athanagor, le 04/03/2011
Notre verdict : 6.5/10 - Farine d'apôtre (Fiche technique)

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Assez propre visuellement et déroulant une histoire bien pensée, cet ouvrage manque pourtant d’une exposition claire. Total : on est obliger d’y revenir pour bien tout comprendre.

Tremblez pauvres mortels, une fois encore, le christianisme nous en cache de belles ! Alors qu’il est envoyé, en 467 après J.C., récupérer l’évangile selon Marie-Madeleine, le centurion Servius Tullius désobéit au premier conclave et disperse les 7 dernières pages du texte avant de rentrer à Rome. 600 ans plus tard, le premier conclave se reforme pour remettre la main sur ces pages propres à ébranler les fondements de l’Eglise. Pour cela, ses membres comptent sur l’offensive de Guillaume le conquérant en Angleterre, où se trouvent les derniers fragments. Mais avant cela, il faudra récupérer ceux qui restent en France. C’est en effet au Mont Saint-Michel que des moines gardent une page du précieux artefact. Trop vieux pour se mesurer aux soudards ecclésiastes,
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ils confient le document à leur plus jeune novice et le dirige, pour sa protection, vers un assassin qui leur en doit une. Après moult péripéties, le couple de fuyards sera dépossédé du précieux document, mais la nature de celui-ci va les pousser à se mettre à sa recherche, histoire d’égaliser les scores, mais pas avec ceux que l’on croit.

Respectant à la lettre le cahier des charges de la collection, mettant en scène l’agitation autour d’un évangile apocryphe, recherché par des hommes de mains balafrés qui connaissent leur bréviaire sur le bout des doigts, Olivier Peru ficelle une histoire assez difficile à suivre. Sur le substrat relativement simple du texte qui met à mal la position dominante de l’Eglise, il fait pousser un ensemble de personnages qui, bien que peu nombreux, entretiennent un rapport à l’histoire compliqué par leurs intentions. De fait, il faut impérativement une deuxième lecture pour bien saisir toutes leurs motivations, et cela est d’autant plus triste que cette complexité ne concerne pas les personnages principaux. En effet, les deux protagonistes centraux vont d’un point A à un point B selon des directives et des intentions simples, qui dictent également leur bifurcation vers C. Donc, le propos central est simple, et le montage général logiquement élaboré, mais l’exposition de
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l’ensemble est embrouillée par les intentions de tous les personnages auxiliaires, dont les motivations politiques s’entrecroisent dans un tout difficile à articuler.

Au service de ces situations, le dessin de Béchu s’avère étrange dans un premier temps, mais gagne petit à petit sur cette première impression. Dans un style propre, à mi-chemin entre le détail et le furtif, son trait privilégie le mouvement et, sans parvenir à le servir complètement, lui fournit néanmoins de belles occasions de s’exprimer. Et c’est d’autant plus avantageux que le récit est dominé par l’action. Quand les personnages ne sont pas en fuite, c’est la baston qui prend le dessus, et dans le contexte du 11e siècle, où la toilette et la pierre à aiguisée revêtent un caractère éminemment contingent, certaines apparences terreuses des illustrations sont fort à propos.

C’est donc un petit entrain qui se manifeste pour cette BD qui aurait pu faire mieux. On versera malgré tout à son crédit un dessin propre et relativement inspiré, au service d’une histoire logique et bénéficiant d’une idée de mi-parcours sympathique. Malheureusement on restera bloqué sur l’exposition confuse qui oblige à se retaper l’ouvrage pour bien en comprendre l’articulation, alors qu’on n’a pas nécessairement envie de se relire une énième histoire d’évangile secret. A décharge, on reconnaîtra qu’il devient difficile de captiver avec les principes de départ de la collection Secrets du Vatican, qui ont tendance à trop se répéter. Peut-être a-t-on vraiment fait le tour des évangiles ?


Olivier Peru : interview vidéo