7.5/10Hannibal Meriadec et les larmes d'Odin - Tome 1 - L'Ordre des Cendres

/ Critique - écrit par athanagor, le 08/10/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Et de hune (Fiche technique)

Tags : larmes meriadec hannibal odin istin tome jean

Une très bonne histoire de pirates avec tous les codes qui font rêver quand on est enfant, et peur quand on est assez vieux pour en comprendre l'essence.

Hannibal Meriadec n'est pas un capitaine comme les autres, hormis bien sûr son appartenance à la catégorie des pirates. Pour commencer, il a une gueule affreuse capable de concurrencer les Gorgs du Fraggle Rock, mais aussi incroyable que cela puisse paraître, ça lui va plutôt bien (à un autre on Mais qu'est-ce que t'as bouffé !
Mais qu'est-ce que t'as bouffé !
ne dit pas, mais à lui...). Deuxièmement il est amoureux d'une femme superbe, qui l'aime en retour (quand on vous dit que sa gueule lui va bien). Pourtant cette femme, qui l'accompagne dans ses aventures maritimes, n'apparaît que dans l'intimité de sa cabine, le visage toujours caché derrière un masque. Pour terminer, le capitaine Meriadec sait non seulement lire autre chose que des cartes, mais il est suffisamment cultivé pour savoir se conduire en société et connaître l'existence des 7 larmes d'Odin, d'inestimables pierres précieuses. Pour en connaître l'emplacement exact il a besoin du manuscrit de Karlsen, à la recherche duquel il enverra Eric Forbin, un de ses hommes. Trouvant le manuscrit, Eric réveillera également l'intérêt de l'Ordre des cendres, qui se lancera aux trousses de Meriadec.

Premier tome très encourageant, surtout porté par ce personnage atypique et brodé par un Jean-Luc
Istin en grande forme. Alternant l'action et la narration dans un système très cohérent, l'auteur parvient également et d'une façon surprenante, car n'utilisant pas d'artifices graphiques, à passer d'un lieu à l'autre, voire d'un temps à l'autre dans son histoire. Les flashbacks et les inserts sur d'autres personnages sont glissés dans le courant global, parfois sans prévenir, mais sans jamais faire tache ni nécessiter un ralentissement de la lecture. Au final, une histoire très structurée et très claire s'impose, parsemée d'une galerie de personnages haut en couleur, par leurs apparences ou leurs caractères, dans des situations haletantes et mystérieuses. Certaines scènes en profitent même pour asseoir une certaine violence et une réelle cruauté, toute à fait de bonne augure concernant la population flibustière en présence.

Le choc des situations et la crédibilité de leurs acteurs passent évidemment par le trait de Stéphane Créty, apparemment aussi à l'aise dans le traitement des gueules et des décors qu'un chat sous les draps. La dynamique générale est aidée par son trait fluide et marqué, jouant de la perspective et de l'angle de vue pour introduire une ambiance dans chaque représentation. Disposant d'un trait appuyant fortement sur le caricatural, lui permettant de traduire des caractères dans les visages, il se permet de pousser cet artifice jusque dans les décors, jonchant le sol de la cabine du capitaine d'artefacts connotés "pirates" et imposant une
impression de Lisbonne par la présence appuyée de la tour de Bélem. Ainsi, mettant en avant des éléments fortement identifiés, il installe le lecteur dans un fauteuil pour le faire voyager avec vraisemblance dans cette aventure mouvementée.

Le dessin est particulièrement complété par les couleurs de Sandrine Cordurié, qui pour une fois est justement citée sur la couverture. Que ne le fait-on plus souvent alors qu'il arrive régulièrement qu'un ouvrage ne doive réellement sa vie qu'à ce seul élément. Ici, non content de renforcer les ambiances et les heures, la couleur approfondit les perspectives et illustre la géographie, agrémentant ainsi l'impression générale de voyage, pensée comme le véhicule principal de l'aventure.

L'accord est quasi parfait entre ces trois auteurs, offrant une histoire à la fois ludique et construite, appuyée sur tous les éléments fantastiques et impressionnants qui font que nombre d'enfants veulent devenir pirates quand ils seront plus grands. Alors, pour peu qu'on ait un penchant pour cette engeance, même minime, on se trouvera fort bien à la lecture ce premier tome.