7.5/10Gueule de Bois - Tome 2 - Dix petits golems

/ Critique - écrit , le 17/10/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Loufoqueries enchantées (Fiche technique)

Tags : foerster philippe tome bois gueule litterature livres

Un bon moment de lecture où on en redemande encore, tels des gamins agrippant la manche de leurs parents pour leur demander de raconter une autre histoire.

Il était une fois ... un marin faisant fonction de bosco à bord d'un navire baptisé le "floating biscuits". L'homme ne ressemblait à aucun de ses frères. Son corps avait été entièrement sculpté dans le bois. Le petit pantin chaussant du 45 qui aurait pu être baptisé Pinocchio, renia finalement ses 45393.racines italiennes pour croquer à pleine dents la pomme de l'Oncle Sam.

Aujourd'hui, il s'appelle Woody Woodstock. Woody est un caractériel solitaire, profondément attaché à la notion d'amitié scellée avec une chope de bière. Son bonnet magique ne laisse pas apparaître un lapin garou mais le curieux cricket Gédéon faisant office de conscience et de narrateur. Un partenaire épouvantable où la tentation d'aplatir un insecte sans rancoeur n'a d'égale qu'une certaine retenue. Le marin n'apprécie guère qu'un inconnu vienne se mêler de ses affaires et surtout l'interroger sur son apparence peu commune. Gêné, il préfère mentir, quitte à ce que son nez s'allonge. Mais ce perpétuel sentiment de différence lui ronge la carcasse. Fort heureusement, le miracle britannique intervient. Chester Darling, un exorciste excentrique descendant de Peter Pan, l'interpelle et l'incite à rejoindre une organisation secrète gérée par de vieux milliardaires bigleux et gâteux. Chester prétend pouvoir aider Woody à le guérir de son fardeau. Pour cela, il doit d'abord l'aider dans sa quête : partir effectuer une * longue *chasse contre les cryptozoïdes. Ces créatures mystérieuses sorties tous droits des contes et pourtant considérées comme des acteurs troublant la sérénité de tous les citoyens.

Reprendre des personnages issus de contes populaires pour en ressortir une interprétation personnalisée n'a rien d'innovant. Pourtant, le résultat que nous offre Foerster est concluant. L'auteur n'en est pas à son premier essai dans le genre. En 1982, il avait déjà entrepris la réalisation d'un court récit dans la même veine, en remodelant la figure de Pinocchio. Ce dernier arpentait les traits d'un colosse en mandragore avec un certain penchant mortel pour les petites filles. L'homme de bois était physiquement entré en symbiose avec Frankenstein. Dans “ Gueule de bois”, Foerster dissocie les deux protagonistes en leur rétribuant leur rôles respectifs. Woody est un personnage plus humain, au fort tempérament, en proie à des incertitudes et n'hésitant pas à utiliser les grands moyens pour remettre de l'ordre dans certains conflits. Il est plus en rapport à une réalité des faits se mouvant dans cette fiction féerique saupoudrée d'humour noir et d'absurdité. Un paradoxe créant au final une recette bien concoctée, où les dialogues martelés à coup de citations d'Edgar Poe sont justement équilibrés entre le sérieux des propos et la fantaisie des faits. Toutes situation susceptibles d'être difficile à découdre est résolue avec un ridicule assumé ... et qui fonctionne parfaitement ! Foester nous présente au final une oeuvre décomplexée des clichés habituels. Cela même s'il suit un code narratif logique, mais dont les retournements de situation et dénouements peu habituels sont monnaie courante. Son dessin renforce en partie cette ambiance fantastique.45394_250. Que ce soit le style adopté pour concevoir les personnages, ou l'étude des décors. Dommage qu'il n'y ait pas un travail plus approfondi sur le cadrage des plans, mais aussi sur les couleurs, manquant de touches personnelles. L'ouvrage n'en reste pas moins très plaisant à lire et fait sourire à de multiples occasions. Un bon moment de lecture où on en redemande encore, tels des gamins agrippant la manche de leurs parents pour leur demander de raconter une autre histoire.