Green Hornet : Kevin Smith à nouveau sur le green
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 24/01/2011 (Tags : smith green hornet kevin film frelon kato
Un an avant le lancement de l’adaptation signée Michel Gondry, les éditions Dynamite récupéraient un vieux script de Kevin Smith pour en faire une bd. Panini, in extremis, l’a publiée en France juste avant la sortie du film.
Si le cinéaste Kevin Smith est un incontestable fondu de comics (c’est en revendant sa collection impressionnante qu’il a financé son premier film Clerks) et un
DR.scénariste-réalisateur apprécié d’une poignée de joyeux drilles (humour potache à gogo), il n’a pas encore réussi à concilier bande dessinée et cinéma. Ce n’est pas faute d’essayer : dès 1998, il met sa plume au service de Daredevil chez Marvel (ce qui lui vaudra plus tard une courte apparition dans le film de 2003), et en 2001, il relance le personnage de Green Arrow pour DC, qui ne croyait plus possible de ressusciter l’archer ringard. Mais lorsqu’il s’agit de porter à l’écran les super-héros, Smith galère davantage : son script pour Superman Lives en 1998 est remanié par Tim Burton, qui finit par mettre lui-même la clé sous la porte ; et sa proposition pour un film de Green Hornet en 2003 échoue dans un tiroir de Disney, qui ne l’en sort pas au moment où le projet se ranime en 2008. Pourtant, l’existence de ce scénario intéresse les éditions Dynamite, jamais en retard d’un coup médiatique pour compenser leur faible poids face aux géants du secteur. Kevin Smith accepte que son histoire soit réalisée sous forme dessinée, et le résultat sort aujourd’hui en France, parallèlement au film de Michel Gondry avec Seth Rogen et Christoph Waltz. On note que Panini est devenu prudent, après avoir édité Jonah Hex trop tôt sous le label "la BD qui a inspiré le film"... pour finalement réaliser que ce dernier ne serait pas distribué dans les salles françaises.
L’approche, contre toute attente, s’avère singulièrement semblable sur plusieurs points : l’humour est très présent (le contraire eut été surprenant venant de Kevin Smith) bien que le ton général ne soit pas à proprement parler comique, l’intrigue tourne essentiellement autour du thème de l’hérédité (l’héroïsme, depuis le Fantôme du Bengale, est une vertu qui se lègue volontiers à ses enfants), et l’accent est mis
DR.sur la nette supériorité de Kato dans les combats. D’ailleurs, Kato est double, tout comme le Frelon Vert : Britt Reid Sr. Cède la place à son fils Britt Reid Jr., et le vénérable Kato est remplacé par… sa fille. Après tout, si le Robin de Batman et le Speedy de Green Arrow peuvent connaître des incarnations féminines, pourquoi pas Kato ?
La narration, très cinématographique, suit le parcours initiatique du jeune Britt : de glandeur sans grandeur, il va devoir devenir un homme et marcher dans les pas de son père – dont il découvre la nature sur le tard. Les scènes d'action sont distillées à un rythme régulier, évoquant là encore le découpage d'un film d'action hollywoodien bien fichu. Par moments, on jurerait même pouvoir entendre la fameuse musique de Rimsky-Korsakov (Flight of the Bumblebee), accompagnant les aventures du Frelon Vert depuis sa création à la radio. L'album se clôt sur la rituelle mention "à suivre" : la seconde moitié du scénario fera l'objet d'un deuxième tome que Panini devrait éditer très prochainement.
Cerise sur le gâteau : les superbes couvertures sont dessinées par John Cassaday et (surtout) Alex Ross.
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