7/10Georges & Tchang

/ Critique - écrit par plienard, le 15/12/2012
Notre verdict : 7/10 - Sulfureux (Fiche technique)

C’est peu dire que cet album a fait son petit bruit dans le monde de la bande dessinée. La réelle histoire d’amitié entre Georges et Tchang est connue de tout le monde. Il en est ressorti d’ailleurs deux des meilleurs albums de Georges, l’un se déroulant en Chine, l’autre au Tibet. Une amitié indéfectible qui durera toute leur vie.


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Laurent Colonier, dessinateur de presse (Marianne, Le Point, Télérama ...) et auteur de bande dessinée pour le Journal de Spirou et Fluide Glacial, est donc l’auteur qui a osé ! Il publie son album aux éditions 12Bis, qualifiant lui-même son album de faux-semblant.

Il se permet une chose que peu de personnes auraient tenté sur l’auteur emblématique du héros à la houppette. En racontant cette histoire d’amour entre deux hommes, dont l’un est le plus célèbre auteur de bande dessinée qui soit, il signe un récit à la fois superbe et sulfureux. Superbe par son dessin, simple et élégant. Sulfureux car on ne touche pas à une icône de la bande dessinée. C’était pourtant peut-être le seul moment de la publier. À l’heure où le mariage pour tous est dans toutes les discussions, cette histoire d’amour est franchement acceptable et ne tombe jamais dans le graveleux. Elle est doublement intéressante car elle met en scène des personnages qui font référence à l’œuvre de Georges : le nom du journal où il travaille, une scène dans le jardin public où un scientifique étourdi oublie sa serviette sur un banc, un restaurant balkanique où on pourrait manger du chien (?), la mère de José - le collègue de Georges - au physique de cantatrice... C'est l'occasion de réviser ses classiques. Mais tout cela pourrait faire "pschitt", si ce n’était pas réuni dans son contexte historique et social. Nous sommes en 1934, le nazisme, les nationalismes et le communisme sont en plein essor, l’influence de l’église catholique est encore très grande et une façon de penser se ressent au travers des rapports humains.

Voilà une belle histoire signée Laurent Colonier, pas loin d’être même émouvante sur la fin. Il ouvre peut-être une porte que beaucoup auraient voulu franchir mais que peu ont osé faire.


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