6.5/10Garrigue - Tomes 1 et 2

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/09/2008
Notre verdict : 6.5/10 - On dirait le Sud. Ah ben tiens c’est le Sud ! (Fiche technique)

Tags : tome garrigue corbeyran eric livre pages berlion

Un polar méridional signé de l'infatigable Eric Corbeyran, qui compense l'aspect "déjà-vu" de son intrigue par les illustrations soignées de Olivier Berlion.

Comme stakhanoviste de la bande dessinée, Eric Corbeyran se pose là. On aura beau dire qu'écrire un scénario est plus rapide que se farcir les dessins, il n'est pas donné à tout le monde de sortir le même jour un tome 3 de Double Gauche et un tome 2 de Garrigue, surtout quand le premier volet de ce dernier n'est paru que trois mois plus tôt. Le diptyque désormais achevé, vers quelle nouvelle aventure voguera désormais le scénariste aux mille projets ?...

Nous sommes en 1999. Un petit gros à lunettes croise un grand sec barbu dans une station essence. Les deux hommes se reconnaissent, le deuxième suit le Tome 1
Tome 1
premier jusqu'à sa voiture en panne sur une route déserte et le dézingue à coups de fusil. Nous sommes désormais en 2008. Frantz, Martial et Dédé se rendent à l'enterrement de Rémi, qui les a quittés à 53 ans seulement. Cette mort réveille quelques souvenirs, aussi bien chez Sylvie la barmaid que chez Martial l'ancien gendarme. Nous voilà maintenant en 1978. Le jeune Martial sauve Jeannine la blondasse et Sylvie la copine-au-physique-ingrat d'une bande de voyous au sang trop chaud. Vous commencez à ne plus suivre ? Accrochez-vous, parce que la bande dessinée n'est pas beaucoup plus évidente à saisir que ce résumé.

Ce qui fait l'intérêt principal de Garrigue, au-delà de l'intrigue policière à tiroirs temporels, c'est le dessin généreux d'Olivier Berlion, libre de s'exprimer dans de larges cases (les albums sont au format 24x32 découpé généralement à raison de trois rangées par page). Son dessin sec et réaliste, rehaussé d'une mise en couleur qui parvient à rendre glaçants les paysages ensoleillés du Sud (pas facile !) parvient à rattraper la narration un peu déconcertante de l'histoire. Navigant entre plusieurs époques, elle tente de faire oublier par ce brouillage de pistes le furieux air de déjà-vu qu'elle ne peut s'empêcher de distiller. Les personnages n'ayant pas radicalement changé entre 1998-99 et 2008, on peut Tome 2
Tome 2
légitimement s'emmêler les pinceaux si on ne reste pas concentré sur les indications de date négligemment posées en coin de case lors des changements d'époque - doit-on blâmer cette fois le dessinateur-coloriste de n'avoir pas stigmatisé ces deux périodes par des teintes différentes ?

Une fois qu'on a débrouillé le pourquoi du comment du qui du quand (au cours du deuxième tome, à moins d'avoir lu plusieurs fois le premier), on a globalement compris les enjeux et deviné la résolution. Celle-ci arrive sans surprise, confrontation entre deux personnages que l'on sentait opposés dès le début sans mettre exactement le doigt sur leur divergence de caractère. Pour autant, on reste assez loin de Martial et de ses états d'âme, tout enquêteur qu'il soit au cours de l'histoire. Son investigation un peu molle et l'absence totale de danger qui pèse sur lui empêchent de se sentir vraiment concerné par ce voyage moins intense que ce que les couvertures laissaient présager.