7/10Les Funérailles de Luce

/ Critique - écrit par Islara, le 13/01/2008
Notre verdict : 7/10 - Hors du commun à tous les sens du terme (Fiche technique)

Une BD de grande qualité, intimiste et subtile, même si elle ne plaira pas forcément à tout le monde.

Les funérailles de Luce est une BD hors du commun à plus d'un titre et marque d'entrée son originalité par rapport à ce qu'un amateur de bande-dessinée a l'habitude de lire. Avec sa couverture souple, ses 80 pages et son format 22,8x32,3, on est loin des standards habituels. Puis, l'on découvre avec un certain étonnement ses planches tout en noir en blanc, son trait précis par endroits, touffu, presque broussailleux, à d'autres et surtout son mutisme jusqu'à la 10ème page.

Muet les 10 premières pages...
Muet les 10 premières pages...
Son histoire et son ambiance surprennent aussi le lecteur. Narrant les vacances d'une petite fille chez son grand-père à la campagne, l'album nous fait voguer agréablement et avec justesse dans la vie des petits villages, leur paix, leur tranquillité mais aussi leur tristesse et leur solitude. On ne sait pas très bien où l'histoire va finir par nous emmener jusqu'à ce qu'une petite dose de surnaturel vienne faire son apparition dans ce cadre pourtant bien réaliste. Alors, progressivement, le ton finit par changer, le lecteur se laisse emporter par une ambiance un peu glauque et finit par saisir le sens de cette oeuvre qui ressemble un peu à une petite nouvelle.

...et tout de noir et blanc vêtu
...et tout de noir et blanc vêtu
A la fois métaphorique et poétique, cet album nous donne le regard d'une enfant qui apprend tout simplement et avec douleur la vie et sa brièveté. On ne lit pas cet album comme on dévorerait avec intensité une histoire à suspense pleine de coups de théâtre et de rebondissements. On ne le lit pas cet album à toute vitesse pour connaître la fin d'un scénario rocambolesque. Non, au contraire, comme un poème, on prend le temps de le découvrir, de s'en imprégner pour se laisser toucher par son sens ; on s'interrompt pour le reprendre plus tard et on le feuillette à nouveau une fois terminé.

Tout le monde ne sera certainement pas séduit par Les funérailles de Luce et son style si intimiste et souvent muet, mais le fait est, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, que cet album signé Benoît Springer, auteur loin d'en être à sa première œuvre, prouve que la bande-dessinée est un art à part entière et mérite bien le nom de 9ème art.