7/10La Forêt de l'oubli - Tome 1 - Le chemin de Maison-Haute

/ Critique - écrit par iscarioth, le 01/06/2006
Notre verdict : 7/10 - Linda au pays du lugubre (Fiche technique)

Une oeuvre tout public, donc, même si l'atmosphère, un peu lugubre, déplaira aux enfants les plus sensibles. Le final de ce premier tome, très intriguant, pose la probabilité que La forêt de l'oubli dévie peu à peu vers le surréalisme complet.

Le prix du premier album pour Aya de Yopougon, le très récompensé Gipi pour inaugurer la collection, un joli succès en librairie pour Klezmer... Les choses commencent bien pour la toute jeune collection Bayou, lancée l'an dernier par Sfar et Gallimard. Deux nouveautés pour ce mois de mai : le deuxième tome de Klezmer et La forêt de l'oubli, une nouvelle série.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la collection Bayou a véritablement une âme. Dans leur contrat de lecture, les ouvrages publiés sous ce label, pourtant tous très différents, se rejoignent. Les pages se tournent très vite, les planches sont très visuelles. Dans le cas de La forêt de l'oubli, tout est intégralement réalisé à la gouache. Pas de cadres tracés à la règle, pas de contours léchés à l'encre de chine mais du pinceau, du début à la fin. Le résultat graphique est des plus convaincants. Avec simplicité, Nadja maîtrise les ambiances et lumières.

Pour ce qui est du fond, La forêt de l'oubli est un conte, dans la plus pure tradition du genre. L'histoire commence dans un cadre réaliste, avec une famille, un quotidien difficile pour une fillette et son frère. Puis arrive l'élément perturbateur tout droit sorti d'un monde imaginaire, qui fait basculer le quotidien de la petite Linda dans un déluge de nature animée, de monstres, de châteaux et de longues galeries aventureuses. On reconnaît bien la mécanique du conte et l'on pense à d'excellentes références comme Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll ou encore le très déjanté Labyrinth de Jim Henson.

L'album ne tombe pas non plus dans le traditionalisme ronflant. Sans être vulgaire, le langage employé dans La forêt de l'oubli est plutôt moderne. Une oeuvre tout public, donc, même si l'atmosphère, un peu lugubre, déplaira aux enfants les plus sensibles. Le final de ce premier tome, très intriguant, pose la probabilité que La forêt de l'oubli dévie peu à peu vers le surréalisme complet. Rendez vous donc pour le prochain album afin de savoir si cette supposition trouve confirmation. La forêt de l'oubli doit se conclure en un triptyque.