7/10Les Fléaux d'Enharma - Tome 1 - Le terreau des braves

/ Critique - écrit par riffhifi, le 11/09/2009
Notre verdict : 7/10 - Une première lichette (Fiche technique)

Une fantaisie héroïque aux accents connus mais à la mélodie inédite, signée du duo de Sälem la Noire et Acriborea. Les prémisses sont prometteuses, reste à voir si la suite sera à la hauteur.

Depuis 2002, le scénariste Sylvain Cordurié et le dessinateur Stéphane Créty travaillent en binôme chez Delcourt, complétés par les couleurs d'un troisième "S.C." : Sandrine Cordurié. Bouleversement : cette nouvelle série est fait appel au coloriste Simon Champelovier. Tout va bien, ses initiales sont S.C. aussi. Et le sujet ? Les fléaux d'Enharma renouent avec l'heroic fantasy de Sälem la Noire, et permettent au duo Cordurié-Créty d'affirmer son harmonie après quelques
pérégrinations de chacune de ses têtes, notamment aux éditions Soleil.

L'histoire se déroule en l'an je-sais-pas-combien, dans une contrée où cohabitent des lieux-dits aux noms aussi riants que Huffnagel, Kanioh, Taramore et Tarnia (ce qui laisse espérer un prochain tome intitulé Le monde de Tarnia, on en glousse d'avance). Là, les soldats de l'Anspech se démènent contre une armée de Tarns qui protège la Vile, une liche maléfique qu'il convient d'occir. Sur ces entrefaites, un quatuor de Pieds Nickelés se pointe (oui je sais, les Pieds Nickelés étaient trois, mais imaginez qu'ils aient trouvé une copine aux oreilles pointues et vous aurez le tableau) en se faisant passer pour les fléaux d'Enharma, une bande de fripouilles dont les exploits traversent les frontières. Ils comptent sur cette supercherie pour décrocher un job de mercenaires, mais se retrouvent bien vite dépassés par les évènements...

A première vue, rien de fondamentalement nouveau ne brille sous le soleil de l'heroic fantasy. Les nains ont la barbe aussi rugueuse que le caractère, les magiciens adoptent le look ‘Gandalf' préconisé par leurs catalogues de mode depuis 150 ans, et il incombe à une poignée de ploucs de botter le derrière d'une force maléfique surpuissante. Les lecteurs / spectateurs du Seigneur des Anneaux comme les amateurs plus pointus du genre se trouveront en terrain connu et balisé, ce qui n'est pas forcément un mauvais point. La bonne idée centrale, c'est d'avoir Il ne vous rappelle personne, le papy ?
Il ne vous rappelle personne, le papy ?
érigé en héros quatre imposteurs à la personnalité attachante, escrocs débrouillards et pas dépourvus de panache, afin de les opposer au sérieux de la quête qui leur est confié. Evidemment, on souhaite que les véritables "fléaux d'Enharma" montrent leur museau dans un tome futur, afin de mettre dans l'embarras la fine équipe... En attendant, on assiste à un premier tour de piste plein de figures imposées réussies : quelques combats éreintants contre de grosses bestioles pittoresques, une indispensable scène de nu pour maintenir éveillé... Le graphisme chargé de Créty trouve un sain équilibre entre le réalisme et la caricature (du côté des architectures, on peut regretter néanmoins un certain manque de fantaisie), tandis que les couleurs varient les ambiances régulièrement, passant de la rouge chaleur des premières pages à la glaciale emprise des dernières. L'album est suffisamment satisfaisant pour ne pas faire figure de simple introduction (ce que les premiers tomes de saga ont souvent tendance à être), mais titille clairement la curiosité, et laisse augurer une suite plus épanouie.