9/10Le Feul - Tome 2 - Les Brohms

/ Critique - écrit par iscarioth, le 01/03/2007
Notre verdict : 9/10 - Bouillon de cultures (Fiche technique)

Le Feul, référence HF en devenir, propose une histoire où l'amour et la découverte de l'autre sont moteurs de concorde. Le ton est jusqu'à présent parfaitement juste.

Le premier album du Feul, publié en 2005 chez Soleil a été une énorme claque, tant scénaristique que graphique. On attendait donc ce second album avec autant d'impatience que de nervosité. Le Feul : feu de paille ou nouvelle référence HF ? Jean-Charles Gaudin et Frédéric Peynet récidivent avec toujours autant de talent. Les deux hommes avaient placé la barre très haut, et ne faiblissent pas pour leur récidive.


Le Feul
, une histoire d'héroïc fantasy réaliste, reprenant la sempiternelle base du genre : un groupe d'individus, issus de peuples très différents et farouchement opposés, contraints de s'unir pour éviter à leur monde de sombrer dans le chaos. Le Feul, c'est une maladie qui ronge les êtres du pays, quelque soit leur race. Avec ce deuxième tome, notre petite troupe hétéroclite va de péripétie en péripétie, remontant la source du mal. Le Feul atteint une très grande intensité. On remarquera la même qualité d'importance qu'avec le premier tome : chaque peuple créé est incroyablement cohérent, caractérisé avec justesse, sans jamais donner l'impression d'une caricature grossière ou rabâchée. Que ce soit par l'apparence physique subtile des personnages ou leurs moeurs tout aussi travaillés, Peynet et Gaudin ont réussi à créer un monde très attachant car d'un réalisme anthropologique. Parvenir à ce résultat, c'est atteindre la sève du genre. On ne peut que rééditer notre constat d'un sommet de l'héroïc fantasy en gestation.


De manière encore plus prononcée que lors du premier tome, l'album est conçu sur le thème de la découverte des peuples et du respect mutuel. Par le métissage (couple mixte), l'échange verbal, mais aussi les conflits, oppositions et disputes, les membres du petit groupe se donnent tout autant de moyens de se découvrir et d'apprendre à se connaître. Seule ombre à ce tableau réfléchi, jusqu'à présent, la diabolisation des Brohms, véritables monstres de guerre, désignés comme l'ennemi commun à tous. Un petit reproche qui s'efface au fil des pages, le récit laissant peu à peu entrevoir de l'humanité chez cette tribut au départ mise en scène comme diabolique. L'intelligence du discours va jusqu'au questionnement, quant à l'acte de tuer (dans certaines circonstances un droit, un devoir ?). Allégorie au monde moderne intelligemment amenée, ce deuxième tome met en scène un peuple victime d'une pollution des eaux. La négligence d'un peuple exploiteur et puissant entraîne la paupérisation et la dégradations de plusieurs autres ethnies. Le dessin de Peynet sublime toujours autant. Corps, paysages, expressions faciales, Peynet atteint partout l'excellence. Le travail du dessinateur sur la lumière est impressionnant (voir les pages 12 et 18 et les sources de lumière aveuglantes).


« All you need is love »
comme dit l'adage scarabée. Le Feul, référence HF en devenir, propose une histoire où l'amour et la découverte de l'autre sont moteurs de concorde. Le ton est jusqu'à présent parfaitement juste. Espérons qu'il le reste jusqu'au dernier instant.