4.5/10Les Fantômes de Hanoï

/ Critique - écrit par iscarioth, le 10/10/2006
Notre verdict : 4.5/10 - Beau à regarder, fatiguant à lire (Fiche technique)

Les fantômes de Hanoï, c'est donc un album tout aussi réussi graphiquement qu'il est décevant narrativement. Les planches sont belles à regarder, mais fatigantes à lire, pour résumer grossièrement.

Il y a très peu de temps, on a pu se replonger dans l'histoire du Vietnam, avec l'excellent ouvrage de Clément Baloup, Quitter Saïgon. Pour cette rentrée, c'est un nouvel ouvrage sur le thème qui parait dans le catalogue de Casterman : Les fantômes de Hanoï, rédigé par Gérald Gorridge. Là encore, l'ouvrage est très immersif et rudement documenté.


Gérald Gorridge connaît son sujet et semble s'être passionné pour le Vietnam. Comment, dès lors, son album pourrait être un échec ? On le sent dès la première page (voir ci contre), Les fantômes de Hanoï n'empruntera pas un cheminement narratif classique. Les premières pages de l'album introduisent le personnage principal, vraisemblablement Gérald Gorridge himself, qui discute avec l'un des hauts parleurs de la ville, qui symbolise un peu le passé et la mauvaise conscience du Vietnam. Gorridge se fait bien moins positif dans son portrait du Vietnam que Baloup, et décrit de nombreuses fois le Vietnam comme un pays inquiétant et contrôlé. Graphiquement, l'auteur maîtrise beaucoup son univers et ses jeux de couleurs. Son album est très immersif, chaque vignette fait l'effet d'un monde à part, d'une image trouble que l'on regarde sans difficulté à travers un bocal. Les planches sont réellement dépaysantes et agréables à parcourir pour le lecteur, avec des techniques variées (crayon de couleur gras, lavis, encre, crayonné, etc...). L'inconfort de lecture n'est donc pas généré par le style du dessinateur mais bien par sa façon de raconter. Les fantômes de Hanoï raconte les aventures amico-amoureuses du personnage principal avec plusieurs vietnamiennes. On ne cerne aucun enjeu, aucun suspens, aucun fil conducteur réel avec ce récit. Les enchaînements sont déstabilisants et confus, les passages écrits apparaissent parfois comme lourds ou inutiles. Au final, on se décourage, et la lecture devient plus concentration que délassement.


Les fantômes de Hanoï, c'est donc un album tout aussi réussi graphiquement qu'il est décevant narrativement. Les planches sont belles à regarder, mais fatigantes à lire, pour résumer grossièrement.