7.5/10Fables - 2005-2006 - Les mille et une nuits (et jours)

/ Critique - écrit par riffhifi, le 25/10/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Sinbad to the bone (Fiche technique)

Une escapade de Jack sans son haricot magique, une crise diplomatique avec l'émirat du prince Sinbad : les habitants de Fableville n'ont pas le temps de s'ennuyer. Le lecteur non plus.

Moins de dix tomes, et voilà déjà une occasion de s'embrouiller l'esprit : malgré son titre, ce Mille et une nuits (et jours) ne doit pas être confondu avec l'album hors-série 1001 nuits de neige, qui date de bien plus tard mais a été édité plus tôt en France. Dans le volume présent, huitième tome de Fables, les nuits du titre évoquent les célèbres contes d'orient en raison de la venue du prince Sinbad à Fableville, créant une panique diplomatique (et non une panique celtique, quelle
idée - Merlin n'est pas dans le coin). Faisant suite à l'arc des Royaumes, cette histoire en quatre volets est accompagnée d'une digression en deux épisodes, consacrée à Jack, celui qui grimpa le long d'un haricot sans fin, puis se fit tueur de géants et enfin (la chose est moins connue) battit le Diable au poker. Accompagné de Jill la lilliputienne, le beau gosse investit Hollywood avec l'aide d'une fortune dérobée à Fableville. Bien décidé à devenir célèbre, Jack va néanmoins prendre garde de ne pas enfreindre la loi fondamentale des siens : conserver l'anonymat. Un paradoxe difficile à maintenir...

Après cet intermède agréablement mené (et dessiné par David Hahn dans un style plus épuré et cartoonesque que celui de Mark Buckingham, l'artiste attitré de la série), vient l'intrigue principale qui ramène le lecteur à Fableville où se démènent le nouveau maire (le Prince Charmant) et le nouveau shérif (la Bête)... C'est dans ce climat politiquement instable, où le mécontentement des citoyens se fait quasiment tangible, que débarque la délégation constituée de Sinbad et de sa clique, vizir et gardes du corps compris. Dans leurs bagages, outre quelques esclaves dont le statut n'est pas du goût des occidentaux, on trouve une arme au potentiel de destruction illimité : une bouteille de djinn. Les petits malins objecteront qu'il s'agit là d'une spécialité plutôt britannique, mais le djinn dont il s'agit est évidemment ici un génie tout bleu et
surpuissant, comme celui d'Aladdin version Disney. Lorsque les Fables prennent connaissance de sa présence, la situation devient tendue...

Forcément, l'irruption du monde arabe dans l'univers jusqu'ici purement occidental de Fables s'accompagne d'un parallèle acide avec la réalité. Sinbad et les siens viennent de Bagdad, où le soldat américain est désormais omniprésent. Mais sous Bagdad la ruine, on trouve encore la magnificence de la Bagdad d'antan, celle d'Iznogoud et des 1001 nuits (nous y voilà). A ce titre, les couvertures des numéros 44 et 45 méritent le coup d'œil, avec leur jeu des sept erreurs entre l'Arabie d'aujourd'hui et sa vision fantasmée. Saisissantes, elles s'ajoutent à la collection de sans-fautes alignée par l'illustrateur James Jean.

Un peu dispersé entre divers bouts d'intrigues épars, le scénario apparaît comme une sorte de parenthèse dans la saga, une respiration permettant aux nouveaux personnages principaux de prendre leurs marques. Espérons que la suite sache repartir d'un élan nouveau. En attendant, on se satisfera sans peine des idées de Bill Willingham et de ses dialogues souvent truculents.


#34 - Jack be Nimble 1 / Jack et Jill
(avril 2005)
#35 - Jack be Nimble 2 / Les tribulations de Moss (mai 2005)
#42 - Broken English / Incompréhension (décembre 2005)
#43 - Djinn & Tonic with a twist / Djinn tonic (janvier 2006)
#44 - Back to Baghdad / Retour à Bagdad (février 2006)
#45 - Act of War / Acte de guerre (mars 2006)