8/10L'Eternel - Tome 1 - Le Saint

/ Critique - écrit par athanagor, le 16/11/2008
Notre verdict : 8/10 - Le Saint Dessin (Fiche technique)

Bien que la couverture soit peu engageante et devant l'appréhension communément admise face aux ouvrages qui traitent d'un complot épiscopal, il faut admettre le vrai plaisir que l'on retire de cette lecture.

Malgré le titre assez pompeux de la collection où paraît cet ouvrage et l'aspect travaillé de la couverture, laissant présager une BD au style trop fouillé pour être naturel et plaisant, c'est avec déception que l'on tourne la dernière page de cette BD, amer de ne pas savoir immédiatement ce qu'il va advenir par la suite.

Thomas Landon, le personnage principal de cette aventure, est un historien dUn style clair...
Un style clair...
es religions, chargé par le Vatican de vérifier la véracité des évènements susceptibles de mener à une canonisation. Bien que ce soit généralement la profession exercée par les héros de BD qui tournent autour de l'église et des secrets qu'elle dissimule, l'auteur a ici la décence de ne pas  transformer son personnage en super héros au fil de l'album. Cela se traduit généralement par un long voyage entrepris par ce dernier, pour retrouver la dépouille de son père adoptif abandonnée en pleine steppe sibérienne, et qui s'avère être un loup blanc, ce qui explique pourquoi notre héros a des coussinets sous les doigts de pied. Que nenni ici. Hormis l'originalité de sa profession et l'identité de ses employeurs, Thomas Landon est un historien qui ne sait pas pécher à main nue, et c'est justement sur cette réalité toute triste qu'est construite l'évolution de l'histoire. De là même naît l'intérêt de la BD, de ce réalisme, non pas concentré sur le trait de crayon (artifice communément utilisé pour tenter d'asseoir l'histoire dans le réel), mais sur l'histoire elle-même et sur la personnalité des personnages qui la peuplent. Les réactions et les attitudes sont crédibles, ainsi que les unités de temps et de lieu. Les personnages sont crédules et croient leurs amis quand ceux-ci leur mentent, et, chose incroyable, ils font dans leur froc quand on leur pointe un flingue sur la tête. Au vu des productions existantes et paraissant ces derniers temps, ça, c'est de la fraîcheur.

Ainsi l'histoire avance parce que son héros a peur. Il accepte une collaboration que son éthique lui interdit uniquement parce que l'associé en question lui promet une protection rapprochée, le mettant ainsi à l'abri d'un danger auquel son activité professionnelle l'a conduit. Pris dans le récit, on ne doute pas une seule seconde qu'historien des religions puisse susciter de telles inimitiés et révéler de tels ...obscur
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ennemis. L'histoire, alors installée sur les rails de la réalité, les trames qui s'y dessinent et qui constituent son style n'en prennent que plus d'intérêt et de force. Le côté polar, l'apparition du fantastique, les soupçons d'espionnage, tout est alors perçu avec plus d'acuité et d'attention par un lecteur persuadé que tout est vrai.

De plus, on ne peut s'empêcher d'avoir une mâchoire tombante devant le fait que cet ouvrage est le travail d'un seul homme, Laurent Bidot, qui concentre le talent du conteur et celui de l'illustrateur, et les expose avec tant de force et de facilité, sur des thèmes où d'autres doivent se mettre à huit ou dix pour pondre 48 pages de fatigue narrative, péniblement colorisées par des artistes qui, seuls à y mettre du talent, ne sont jamais cités sur la couverture. Laurent Bidot maîtrise son trait, ses couleurs et leurs ambiances, le flou propice aux mouvements erratiques, la disposition de ses cases et de ses planches ainsi que toute la tenue de son intrigue et de son histoire. Que voilà du talent ! Remercions-le pour son travail.