6/10Escape this

/ Critique - écrit par Maixent, le 22/08/2018
Notre verdict : 6/10 - Nous allons jouer à un jeu (Fiche technique)

Tags : escape betbeder tome stephane this avis comics

Huis-clos

Quatre inconnus se retrouvent dans une pièce vide. L’ambiance est posée dès le départ, les amateurs de Cube apprécieront. Entre questionnement métaphysique, comprendre le pourquoi et réalité concrète, comment sortir de là ; les quatre protagonistes vont devoir trouver des réponses pour tenter de quitter de cette escape room infernale. Dans cette sorte de purgatoire, ils vont devoir jouer à un jeu : « 8 pièces. 8 heures. Dans chaque pièce une clé. 4 au départ, 5 à l’arrivée. Un seul manquant, tous condamnés ».


"I want to play a game"

 

Akikio, la jeune étudiante japonaise suicidaire qui pleure des larmes de sang, Angelo, le footbaleur italien qui s’emporte un peu trop facilement, Nicole, l’américaine dépressive et le russe Dimitri. Au-dessus d’eux plane l’ombre de la cinquième personne. Elle décide de leur sort ou n’est qu’un instrument de cette réalité absurde, comme les autres ? Est-elle à l’instar de John Kramer dans Saw, le maître du jeu ayant une destinée à accomplir que les joueurs involontaires ne peuvent comprendre immédiatement ? L’architecte du cube, ayant participé à une grande œuvre dont il ignore le sens ? Le délire paranoïaque du héros de Pi perdu dans un monde mathématique ? Ou sommes nous tous dans les limbes, ignorants de nos actes, à la recherche d’une réalité qui n’existe pas ?
"Choisis la pilule"

 

Plus les quatre héros avancent dans ce monde étrange truffé de pièges moins les réponses sont évidentes. On en aura une bribe qu’à la toute fin lorsque tout s’articule enfin. Il faut faire attention lorsque l’on mange du gibier, même dans un grand restaurant…

Le récit fait sens mais à la manière d’un récit lynchéen. L’ambiance prédomine ; une ambiance poisseuse faite de sang et de violence. Dans cette aventure intérieure, nous ne sommes que des pions face à la mort tentant de résoudre l’énigme de la vie alors que la mort a déjà gagné. Tout cela semble obscure et se met pourtant en placepour le lecteur attentif.


Rencontre du cinquième type

 

Sans doute un peu trop bavard, mais c’est le propre du huis-clos, l’album, remarquable dans sa construction est cependant un peu indigeste. On se perd dans les circonvolutions des auteurs et les réflexions des protagonistes. Chacun se noie dans sa vérité et brouille les pistes, mettant en avant une humanité désorganisée et perdue. Seule Akikio, déjà morte en elle-même offre un regard lucide mais désabusé.

Plus philosophique qu’horrifique malgré la couverture, l’album, à la manière de Virgile nous guide dans cet entre-deux mondes où réalité et fiction, vie et mort, s’entrecroisent et se télescopent. On en ressort un peu perturbé, essayant vainement de comprendre ce qui a bien pu se passer. Et puis finalement, l’absence de cohérence crée l’évidence, exercice périlleux duquel les auteurs ont réussi à se sortir malgré tout.