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6.5/10Erma Jaguar - Tome 1

/ Critique - écrit par athanagor, le 23/11/2010
Notre verdict : 6.5/10 - La dame au chibre (Fiche technique)

Tags : erma eur varenne jaguar alex tome erotique

A la faveur de la réédition des trois albums des aventures d'une femme sacrément libérée, c'est tout le style et la pensée d'une époque que l'on retrouve.

Erma Jaguar est une blonde mûre et pulpeuse, sexy en diable et sexuellement hyperactive (ante), avec la tête d'Annie Lennox, la coupe de cheveu de Brigitte Nielsen, et surtout, une teube énorme. Jamais on ne verra cette dernière, mais bien des situations (et positions) nous ferons comprendre qu'elle est belle et bien là. Surprenant au début, cet état de fait sera pleinement accepté quand on découvrira que les aventures d'Erma Jaguar sont en fait les délires oniriques d'une bourgeoise atteinte d'une forte fièvre (la grippe ou le palu, ce n'est pas précisé). Selon ce principe, c'est dans trois aventures difficilement articulées, parfois incohérentes et bourrées de symbolisme à la louche que va nous entraîner Alex Varenne.

C'est dans L'Echo des Savanes que la blonde fera sont apparition (ainsi que toute sa carrière) dans une première histoire qui ressemble à s'y méprendre à un tome 2. On nous parle de l'héroïne comme si elle était déjà une vielle connaissance et certains personnages et situations semblent renvoyer à des Couv. Intégrale 20/10/2010
Couv. Intégrale 20/10/2010
évènements passés que le lecteur aurait déjà lu. Mais il n'en est rien. Il s'agit là des premières bases du mécanisme onirique qui va envahir petit à petit toutes les histoires de la belle. Ce terminant par des situations impossibles, cette mise en scène du rêve se traduira principalement par des dialogues fumeux à la poésie bancale, que viendront ponctuer des moments chauds et acrobatiques dans des décors, parfois étranges, parfois familiers. On se remémore alors ce qui semblait être la philosophie du journal qui accueillait ces histoires, à savoir une sorte de bestiaire des fantasmes et des idées que nous inspire le bas-ventre. Les grosses bagnoles, les auberges de campagnes, les palais vénitiens, des loubards qui tripotent des bourgeoises et des gros messieurs en chaussette sur des parkings d'autoroutes, tout fait penser à une période où Max Pecas pouvait encore être vu comme une référence. Et c'est bien le principal charme de cette BD qui, rééditée en intégrale, semble surtout destinée à retrouver un public qui l'a tant aimé.

Malgré un décalage évident et un traitement au second degré d'autant plus plaisant qu'il met véritablement le temps des trois albums pour être pleinement démasqué, cette BD garde sur elle l'odeur d'une époque où il était de bon ton de remonter les manches de son costume pour ressembler à Don Johnson. Les situations, les protagonistes, mais aussi la façon de traiter le sujet et bien sûr, le trait, tout est daté. On se sent alors un peu embêté pour juger l'ouvrage. S'il devait sortir aujourd'hui pour la première fois, il ne tiendrait pas une semaine. Finalement un peu mièvre malgré son étiquette érotique, moyennement drôle et souvent ras du bonnet, il se ferait tabasser par tout ce à quoi on est maintenant habitué. Mais il s'agit bien de la réédition d'une série qui a dû en faire baver plus d'un, qui retrouveront cette femme ultra-libérée (et ultra-équipée) avec un certain émoi. On modérera tout de même cette affirmation, ne sachant dire si la reprise en main s'avèrera à la hauteur du souvenir.

Cette BD reste pourtant le témoignage de la production d'une certaine époque, qui sent bon une meilleure liberté, portée par une certaine insouciance, ou une certaine ignorance, c'est selon. Epoque bénie où les libraires ne savaient pas très bien à partir de quel âge tel ou tel magazine pouvait être vendu, dont nous sommes nombreux à avoir profité avant qu'une foule de parents fouineur en colère ne les assignent en justice, obligeant les pauvres jeunes que nous étions à économiser pour s'acheter un magnétoscope et s'abonner à Canal plus. En cela, cette réédition, a une certaine valeur de témoignage à laquelle on portera, à défaut d'un réel engouement, un profond respect.