L'Epopée de Gilgamesh - Tome 1 - Le trône d'Uruk
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 13/02/2010 (Apparition d'un nouveau cadre, assez inattendu mais très adapté, dans la BD fantasy, qui change un petit peu des histoires celtiques, pour un résultat très appréciable.
A la vue de la couverture de cet ouvrage, on est subitement assailli par la méfiance. La représentation martiale du personnage, monté sur un char à bœufs, suivi par une cohorte de casques à pointe aux yeux ébahis, laisse supposer une adaptation poussive, façon Conan, du mythe de ce roi dont tout le monde connaît le nom, sans nécessairement connaître l'histoire. Pour couronner le doute, Soleil nous présente le tout comme « la rencontre de Conan le barbare et de Gladiator ». Le sourcil se
dresse donc. Mais en fait du pire, on est assez vite, et bien malgré soi, pris en deux pages dans un flot d'action suffisamment immersif pour susciter la curiosité (bien sûr, pour peu qu'on aime un peu la bidoche).
Aidée par le très bon travail d'Alain Brion, héritant du style des plus purs illustrateurs d'heroic-fantasy, l'action démarre tout de suite, et impose une cadence de lecture qui ne laisse aucune place aux espaces de réflexion où naissent généralement les prémisses de la critique blasée. Suivent des scènes d'expositions, représentées avec le même talent, et développant avec clarté les repères historiques du personnage. Ainsi, le néophyte est introduit aux fondements de l'épopée et pourra continuer sa lecture sans risquer de se perdre dans un récit qui s'appuie déjà sur un autre récit. Le reste de l'aventure élaborée par Julien Blondel sera présenté sur le même tempo limpide. Dans un enchaînement d'action et de narration, dans une ambiance rappelant l'Alexandre d'Oliver Stone, on découvre les premiers fragments de l'épopée de ce roi, qui sera le pion des divinités sumériennes se disputant la ville d'Uruk et, plus généralement, la Mésopotamie.
En plus d'un aspect purement divertissant, les attentes sont également comblées d'un point de vue culturel. Pendant la lecture,
on a souvent tendance à se dire que, oui c'est pas mal du tout, mais que bon sang, d'où qu'y vient déjà ce Gilles D'Amèche. On en a bien entendu parler, mais on ne se souvient plus où. Et toute la BD semble ne pas vouloir nous aider. On ne trouve même pas ne serait-ce que des petites notes de bas de pages. Rien ! Que dalle ! Et l'ensemble se la joue plutôt immersion totale. Heureusement les auteurs ont pensé aux gens cultivés, qui savent trop de choses pour se souvenir de tout et répondent, comme par magie, à ces attentes, avec un petit retour en fin d'ouvrage sur la position géographique de l'histoire et un petit résumé sur chaque personnage en regard de l'épopée et de la mythologie du coin.
C'est donc une BD sympathique et stylée, qui revient sur une peuplade qui avait la classe, avec ses petites dreads tressées, et qui se prête parfaitement à l'ambiance fantasy. Comment avait-on pu les oublier, et les laisser se faire submerger par les barbaries paganiques de l'ile de Bretagne, sujet plus habituel de ce genre d'ouvrage ?