7.5/10Une Epaisse couche de sentiments

/ Critique - écrit par iscarioth, le 09/04/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Connards ! (Fiche technique)

Une épaisse couche de sentiments déborde de cruauté et d'inhumanité. Une lecture monstrueuse, à déchaîner la colère des plus calmes d'entre nous !

Connards ! Pardonnez moi cette vulgarité, mais c'est bien le mot qui vient à la bouche lorsque l'on referme cette BD. Rassurez vous, Une épaisse couche de
sentiments
n'est pas mauvais au point de se montrer aussi irrespectueux avec les auteurs, bien au contraire. L'album nous plonge dans « le monde inhumain des ressources humaines ». Des mecs payés pour sélectionner et licencier des employés. Des monstres d'antipathie et de sadisme qui jouissent de leur position de domination. Une épaisse couche de sentiment nous montre le monde de l'entreprise sous son plus mauvais jour, il expose les moyens les plus calculateurs et les plus tordus utilisés par certains employés pour en faire couler d'autres. On nous rend compte par exemple d'un séminaire pendant lequel on amène les employés à se lâcher et à imiter un animal pour tester leur docilité. Un portrait caricatural et manichéen de l'entreprise diront certains, approprié et révélateur diront d'autres, mais dans tous les cas dénonciateur d'une compétitivité aussi réelle que déshumanisante.

34790_250.Une épaisse couche de sentiments est une bande dessinée très cruelle, jusque dans son final, décourageant de vice et de méchanceté. Le ton de l'album est entre satire sociale et conte moderne, le tout très chargé en noirceur. De la noirceur et du froid, communiqués aussi au travers d'un dessin rappelant les travaux de Dupuy et Berberian, en beaucoup plus épuré et minimaliste. Une simplicité du trait qui n'empêche pas un réel travail sur les expressions faciales, avec ces personnages bondés d'insensibilité et de mépris. Ce qui rapproche Une épaisse couche de sentiments du conte, c'est cette simplicité et cette linéarité dans le scénario (un certain sens de la morale, avec des coups du sort et ce final tout en cynisme) et le caractère très archétypal des personnages. Il ne faut pas chercher un portrait au réalisme documentaire sur l'entreprise en achetant cet album. Certains clichés comme les ménagères quinquagénaires et étrangères peuvent agacer les lecteurs par leur misérabilisme. Ce côté un peu "cliché" toléré, l'album reste tout à fait appréciable.


Une épaisse couche de sentiments déborde de cruauté et d'inhumanité. Une lecture monstrueuse, à déchaîner la colère des plus calmes d'entre nous !