6/10Un Enterrement de vie de jeune fille

/ Critique - écrit par riffhifi, le 17/10/2008
Notre verdict : 6/10 - Enterre cuite (Fiche technique)

Un enterrement de vie de jeune fille est symptomatique du goût de l'équilibrisme de Hervé Bourhis, entre chronique réaliste et fiction fantaisiste. Agréable, sans être la réussite de l'année.

Scénariste des séries Le Stéréo Club et Ingmar, Hervé Bourhis aime aussi à saisir le crayon comme il l'a montré sur Comix Remix et l'indispensable Petit Livre Rock. C'est d'ailleurs en tant qu'auteur complet qu'il a reçu le prix Goscinny en 2002 pour Thomas ou le retour du tabou, et c'est une de ces aventures solo qui paraît ici, le genre qu'on aurait bien vu dans la collection Expresso si celle-ci existait encore.

Anne possède un prénom très normal. Quitterie et Auréole un peu moins. Ce n'est pourtant pas pour se venger d'elle que les deux jeunes femmes kidnappent leur amie, mais pour lui faire subir un enterrement de vie de jeune fille trois semaines avant son mariage. Bien entendu, rien ne se passe comme prévu, car les trois copines ont de douloureux secrets sous leur vernis de pétillement.

S'il faut reconnaître une qualité à Bourhis, outre sa capacité à rendre humains des personnages au nez triangulaire, c'est celle de naviguer avec habileté entre les tons, sans pour autant mettre de clignotant avant de changer de voie. Sans pour autant se sentir agressé, car les dessins sont rigolo et les cases n'ont pas d'angle, on se voit ainsi confronté à quelques situations bien anxiogènes impliquant la mort, la solitude, et tous ces trucs auxquels les enfants ne pensent pas. Il y a donc un peu de voyage initiatique là-dedans pour les personnages, qui se verront subitement confrontés à la notion de responsabilité.

Mais si différents thèmes et tons sont intelligemment brassés, on peut néanmoins trouver que le scénario peine à trouver un axe clair. L'héroïne n'est pas vraiment Anne, qui se retrouve au deuxième plan derrière ses deux amies ; et si l'histoire de
Quitterie est tragique, on se demande néanmoins que faire de sa conclusion et de la pirouette finale.

Agréable à lire, l'album réserve quelques scènes drôles ou touchantes, esthétiques ou tristes. Mais ne véhicule aucune parole globale, ne suscite pas de fortes émotions. Mais elle se révèle fidèle à la quatrième de couverture, qui résume le propos en une simple énumération : « Trois amies. Un enlèvement. Une autoroute. Un mariage. Rondo Veneziano. Une toile cirée. Des rires. Un pont. Des larmes. La culpabilité. L'amour. Des mobylettes. Une bouteille de vin. Une fête de village. Un hôpital. Des cendres. Des strip-teaseurs. La mort. » Tous ces éléments sont distillés en dose homéopathiques, inutile de demander conseil à votre médecin.