6/10The End : Jim Morrison

/ Critique - écrit par iscarioth, le 23/05/2007
Notre verdict : 6/10 - Court résumé d'une courte vie (Fiche technique)

Jim Morrison... Comment, pour tout amateur de musique, quel qu'il soit, ne pas avoir été marqué par cette voix ? Cette icône de l'histoire du rock ne figure pas parmi les plus consensuelles. Comme d'autres, tels Hendrix ou Cobain, sa vie a été tumultueuse. « Live fast and die young », dit-on, depuis James Dean... Ou « It's better to burn out than to fade away », dixit le chanteur de Nirvana. Morrisson a donc toute sa place dans la récente collection de Casterman, « Rebelles »...

Après des personnages aussi variés que Guevara, Kennedy, Monroe (pourquoi pas ?) et Massoud, il fallait s'attendre à voir tôt ou tard débarquer une icône rock. Ca commence avec Morrison. Et, surprise, ce n'est pas le couple Charles qui officie au scénario, mais Romain Renard, qui prend d'ailleurs en charge la totalité de la réalisation de cet album. Auteur éclectique, Romain Renard a travaillé dans la publicité, le cinéma, la musique et la BD. En s'attaquant à la BD-bio de Morrison, il aborde un gros morceau et s'en sort assez bien. Forcément, il s'agit là plus d'un petit article sur la vie de Morrison que d'une épaisse biographie. Format oblige. La collection Rebelles, c'est de la BD franco-belge tout ce qu'il y a de plus classique : 46 pages couleurs. Difficile de décoller de l'exposition didactique dans ce cadre.

Romain Renard contente avec une bonne structure de narration. Pas de linéarité soporifique, ni, excès inverse, d'extravagants allez et viens dans le temps. La base narrative, c'est Paris, en 1971, le jour de la mort de Morrison, qui sert de point d'ancrage à la succession de flashbacks. On nous fait vivre des moments forts de la vie des Doors, qui ne sont inconnus à personne s'étant déjà un minimum intéressé au groupe. La rencontre avec Ray Manzarek, le tempérament de Jim, ses chutes dans l'alcool et la drogue, ses provocations multiples sur scène (masturbation, provocation vis-à-vis de l'autorité...), les albums qui se succèdent et Morrison de plus en plus attiré par le cinéma et la poésie plutôt que par la musique.

Jim dans son bain
Jim dans son bain
La publication est française, mais traite d'un groupe américain. Au lieu du mythique « Father. Yes son ? I want to kill you. Mother, I want to fuck you all night long », on a droit à « Père ? Oui, fils ? Je veux te tuer. Mère, je veux te baiser toute la nuit ». Il est difficile de penser aux Doors sans avoir le refrain de Light my fire en tête. Il est plus difficile encore de lire cet album BD sans être péniblement interpellé par cette version traduite des paroles cultes... La narration demeure tout de même agréable et fluide. Romain Renard a disséminé des extraits d'écrits de Morrison, faisant s'entremêler la vie et les pensées de Morrison à l'histoire de son pays. Graphiquement, le résultat est correct, à l'image de ce qu'a pu faire Kas pour Shooting Star. Les expressions faciales sont parfois figées, l'ensemble trop statique, mais le travail important réalisé sur les couleurs et ambiances paye.


Un album convenable, donc, malgré le manque d'ambition inhérent au format. Une réalisation qui nous a donné envie de revisiter la discographie de Morrison. C'est déjà beaucoup.