7/10Edika - Tome 31 - Hardluck

/ Critique - écrit , le 12/10/2006
Notre verdict : 7/10 - Parfaitement idiot (Fiche technique)

Tags : edika tome manga albums livres edouard karali

Hardluck est un ouvrage à l'humour particulier, qui ne ravira pas un large public. Cela ne veut pas dire que l'étiquetage est mauvais. Edika nage simplement dans un univers qui sera jugé par certains comme peu subtil ou inattractif.

Edika et Fluide Glacial entretiennent depuis longtemps une liaison particulière, alimentée à coup d'humour inconvenant, de disjonctions intensives et de scatophilies sexuelles jouissives. Considéré comme un pilier du magazine et l'une des têtes d'affiche franco-belge les plus remarquées, le chef présente aujourd'hui son 31ème album en utilisant les mêmes ingrédients pour composer les sauces glaciales de la maison Fluide * "ouououh le jeu de mots pourri !" *.


Pour les non initiés en quête d'une désintoxication intellectuelle, Hardluck est La solution à tous vos maux quotidiens. Edika présente différentes histoires rocambolesques, où des protagonistes extravagants seront relayés dans leurs délires par sa propre famille, caricaturée à l'extrême afin de narrer son quotidien loufoque. La signature de l'auteur est visible sous différentes formes. Tout d'abord, il est courant chez Edika de ne jamais connaitre la chute finale. L'auteur préfère utiliser l'éternel feinte du dessinateur qui sèche pour mettre un point final digne de ce nom, en accord avec ce qu'il a dessiné auparavant. Une habitude occasionnant le détournement des règles classiques qu'impose la bande dessinée ordinairement. Certains trouveront le procédé astucieux, d'autres lâcheront sans retenue qu'Edika n'est qu'un glandeur incapable de se creuser la cervelle pour dégoter une véritable fin.

Un détournement opportuniste qui habille pourtant en partie le style de Monsieur Gros-Nez. Outre l'aspect narratif battant exprès en retraite, Edika se fout de règles élémentaires du neuvième art, ironise sur tous les aspects matériels en incrustant de nombreux effets cartoons dans les éléments construisant une bande dessinée. Que ce soit les cases débordées, les bulles commantant les citations des personnages aux dialogues bordéliques mais tellement vrais, des yeux en chaleur désorbités par l'excitation d'une forte poitrine, ou l'instauration d'une trame narrative insensée. Tout est sujet à être surcommenté, surjoué et exagéré avec délectation. Le graphisme simpliste renforce le personnage dans son univers abracadabrantesque. Une approche où le trait à la fois brut et épuré n'en reste pas moins très précis pour étirer au maximum l'ambiance d'un sketch. Le tout crée un mélange savoureux, mais qui ne sera pas au goût de tout le monde. Chose que nous pourrons comprendre facilement. N'empêche, Edika excelle dans son domaine. On sent qu'il maitrise son jeu solidifié par l'expérience. Rappelons au passage que le bonhomme, après une carrière dans la pub égyptienne, a vu ses premières planches publiées dans les magazines Pilote, Charlie Mensuel et Psikopat. Tout ça pour montrer qu'il a eu le temps d'aiguiser la plume et le pinceau depuis.


Hardluck est un ouvrage à l'humour particulier, qui ne ravira pas un large public. Cela ne veut pas dire que l'étiquetage est mauvais. Edika nage simplement dans un univers qui sera jugé par certains comme peu subtil ou inattractif. Pourtant, il faut reconnaitre que sa patte particulière lui permet de se hisser dans un rang à part, où règne une absurdité ambiante et pourtant si proche de nous.