ATTENTION : CONTENU RESERVE A UN PUBLIC AVERTI

Les images et textes à caractère érotique, pornographique ou violent contenus dans cette page peuvent choquer certaines sensibilités. En consultant cette page, vous attestez être majeur au regard de la loi française et vous prenez vos responsabilités par rapport à son contenu.

CONSULTER QUITTER

9/10L'école des Biches

/ Critique - écrit par Maixent, le 11/10/2012
Notre verdict : 9/10 - L'école des Bi(t)ches (Fiche technique)

Tags : ecole biches eur livres etat evaluation levis

Delcourt propose ici une réédition en un volume de deux adaptations libres de romans du XIXème siècle. Si l’école des biches est issu d’un roman anonyme libertin, la seconde histoire fait directement référence à un modèle de littérature vertueuse plus connu du grand public, Les Jeunes Filles modèles.

C’est le fameux illustrateur du Club des Cinq et de Liz & Beth (ce n’est pas
Une éducation réussie
incompatible) qui s’y colle. Cet amateur de calembours, connu sous le pseudonyme de G. Lévis de Monage, a su tout au long de sa carrière mêler à ses textes et dessins érotiques un aspect enfantin, mettant l’accent sur la formation des jeunes filles et leur apprentissage, conférant à son œuvre un aspect subversif. Car si le dessin est de facture très classique, les travers de ces jeunes filles sont plus vicieux qu’il n’y parait.

Les deux bandes dessinées ont pu être rapprochées par ce thème, la découverte du plaisir chez des personnages à peine pubères, et qui dit découverte du plaisir, dit
Orties
aussi découverte du vice. Ainsi Marie dans L’école des biches est au départ une jeune ingénue un peu simplette venant demander conseils à sa dévergondée de cousine. Courtisane professionnelle, cette dernière va se faire une joie d’initier cette jeune oie blanche à la moue enfantine et délicate, allant de plus en plus loin dans une progression toute en douceur vers les possibilités infinies de la chair. Nous sommes clairement dans un registre libertin classique, empreint de courtoisie et de conventions. Le sexe reste de bon goût et se joue avec volupté, ce qui est parfaitement rendu par la finesse du dessin, proche par instant des gravures érotiques du XVIII e siècle.

La seconde bande dessinée est plus pernicieuse et plus dérangeante. Le fait de parodier ce qui se veut un manuel d’éducation permettant aux jeunes lecteurs d’apprendre à différencier le Bien du Mal dans une acception Catholique des termes, à des fins sexuelles rend les
Petite fille modèle
personnages, à la base inventés par la Comtesse de Ségur d’autant plus subversifs. Car si la sexualité des jeunes femmes est un fait admis et demandé en littérature et en bande dessinée érotique contemporaine, il n’en est pas de même de la sexualité de jeunes filles à peine formées, se gougnotants  sans aucune retenue et sans aucune pudeur. Le sujet est vaste et la censure n’est jamais loin quand la fille de la voisine suce le jardinier, mais comme toujours, ce n’est qu’un dessin. Qui plus est, toujours dans l’anticonformisme, ces jeunes filles sont instigatrices d’un plaisir qu’elles maîtrisent parfaitement, voire même mieux que les adultes et dont elles se servent à des fins de pouvoir. L’espiègle Sophie a bien compris que dans un rapport SM, c’est le Soumis qui a le pouvoir et malgré les fessées aux orties et autres brimades, elle reste la maîtresse de son destin.

Ainsi, sous une facture classique, reprenant des anciens textes, G. Lévis offre une œuvre engagée dont il est heureux qu’elle soit rééditée à ce jour. Son style marqué et reconnaissable s’adapte parfaitement aux textes classiques, offrant une certaine langueur enivrante à l’ensemble. On se laisse bercer par les charmes de la jeunesse et les polissonneries naïves des personnages. Un réel plaisir de lecture qui tout en finesse permet d’aller très loin dans la perversion.