7/10La Dynastie des dragons - Tome 1 - La colère de Ying Long

/ Critique - écrit par plienard, le 10/10/2010
Notre verdict : 7/10 - Qui a tué le petit Zhao Zhen ?? (Fiche technique)

L'empereur Renzong a fâché la divinité Ying Long en lui piquant son phénix. Va falloir régler ça très vite, car Ying Long est furax et c'est le peuple qui trinque.

Le mauvais temps s'acharne sur l'empire des Song. La divinité dragon Ying Long, maître des vents et de la pluie, se venge de l'empereur Renzong qui lui a dérobé son allié karmique, son phénix. Il lui a volé pour obtenir l'immortalité. Mais à la place, il a obtenu le malheur de son peuple, tiraillé entre les guerres avec l'empire Xia et l'empire Liao, les impôts et les mauvaises conditions climatiques qui détruisent toutes les récoltes. Il reste une solution pour l'empereur, sacrifier son fils Zhao Zhen à la divinité Ying Long. Il faut pour cela lui apporter le garçon en plein territoire Liao. Mais sur le trajet, le convoi emmenant son fils est intercepté par les Xia. N'ayant pas obtenu ce qu'il voulait Ying Long rentra dans une colère folle et détruisit la pagode Lingguan. Au milieu des flammes, le marchand Tsin Tao découvrit une jeune fille, Luan.


Voilà un magnifique conte asiatique raconté par le couple à la ville comme au boulot, par Civiello et Herbeau. Si à la lecture de l'album, on pouvait penser qu'il est tiré d'une légende réelle chinoise, il n'en est rien en réalité. Les deux artistes se sont plongés  dans cette culture depuis plusieurs années (ils ont habité pendant ?? ans en Chine) afin d'en apprendre la langue, la culture, les codes. Ils ont alors essayé de raconter cette histoire comme cela aurait été fait en Chine et en restant respectueux des faits historiques de l'époque traitée (de la coupe de cheveux jusqu'aux costumes). Au point que lorsqu'ils nous présentent Tsin Luan dans un costume cérémonial mongol plutôt que Xia pour un plus grand impact graphique, ils s'en excusent presque (p48). Et il est vrai que leur quête de perfection est un compliment pour les lecteurs que nous sommes. Tous ces détails donnent une réalité à l'histoire de façon convaincante, même si on est loin d'être des spécialistes de l'histoire chinoise.


A contrario, l'excès d'explications et de références historiques nuit à la lisibilité et à la lecture du récit. Car l'afflux incessant d'informations n'apportent rien à l'histoire, sauf aux auteurs d'avoir la satisfaction d'être irréprochables. Les dialogues suffisent à tout mettre en place. Concernant le dessin, on balance entre dessin très précis, très beau et très expressif avec des dessins grossiers comme les quelques pages de batailles (p20-21) qui manquent étonnamment de précision. on a l'impression que l'on passe de la précision du dessin d'ordinateur à un tableau artisanal (dans le mauvais sens du terme). Ce sont les seules pages (plus une ou deux qui suivent) qui paraissent anachroniques. Comme si ce n'était pas le même artiste qui les avait dessinées ! On se demande aussi si le dessinateur n'a pas voulu rendre hommage à des artistes chinois car cela rappelle presque certaines estampes chinoises.

Même si on est déstabilisé par ce passage, on suit l'intrigue lentement (car il y a de nombreuses informations). Et on perçoit que cela risque d'être une belle et grande fresque. On s'étonnera quand même que Delcourt sorte, coup sur coup, La dynastie des dragons et Au bord de l'eau qui reprend une légende chinoise. On se retrouve donc deux histoires avec des chinois en Chine. Les fans de ce genre seront ravis.