6.5/10La Douceur de l'enfer - Tome 2

/ Critique - écrit par plienard, le 02/03/2012
Notre verdict : 6.5/10 - La douceur de l’écriture (Fiche technique)

La belle collection Signé au Lombard nous propose enfin le second tome de la douceur de l’enfer d’Olivier Grenson. Je vous rappelle le pitch du premier tome pour ceux qui ne s’en souviennent pas ou ceux qui ne connaissent pas.
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Un jeune américain, Billy Summer, part en Corée pour commémorer la mémoire de son grand-père, Théodore Frédéric Summer, mort durant la guerre de Corée. Il répond en cela aux dernières volontés de sa grand-mère, décédée il y a peu. C’est aussi l’occasion pour lui de faire le point sur sa relation avec sa petite amie Emily et sur lui-même ainsi que sur ses névroses (il a perdu ses parents et sa sœur dans l’incendie de leur appartement). Il va trouver, en Corée, des choses qu’il ne pensait pas : son grand-père, vivant chez le voisin du Nord !

Ce diptyque, au-delà de sa qualité propre, a eu le pouvoir de révéler un autre talent d’Olivier Grenson : l’écriture. On connaît l’auteur en tant que dessinateur de bandes dessinées comme le séduisant Niklos Koda, « l’holmesque » Carland Cross ou encore la femme accident. Il a ici les deux casquettes – scénariste et dessinateur – qui font de lui un auteur complet. Il ressort de l’histoire un goût du passé et surtout une douceur qui s’exprime largement par le dessin et les couleurs, et cela malgré la rudesse dans le contact entre Billy et son grand-père. Douceur qui justifie, dès lors, pleinement le titre de l’album.


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Dans ce second volet, qui dévoile tous les secrets des personnages – pourquoi le grand-père n’a jamais cherché à rentrer, que cache le traumatisme de Billy – Olivier Grenson assène, tout de suite, ses coups (de théâtre). Après une présentation rapide des lieux de la rencontre – la zone démilitarisée de Panmunjom entre les deux Corées –, le rapport de force s’établit entre les deux hommes. Le grand-père ne voulait pas qu’on le retrouve et le petit-fils voudrait comprendre. Pourtant l’opposition est un peu bancale car c’est surtout le grand-père qui fait la conversation, faisant presque les questions et les réponses. En effet, Billy semble scotcher par les révélations de ce vieil homme et qui vont être, pour lui, comme une révélation de son trouble personnel. Dès lors, Olivier Grenson va superbement exprimer le décalage entre celui qui raconte son passé en Corée du Nord et ses volontés de ne pas rentrer et celui qui trouve une réponse à ses cauchemars.

Le trait expressif de Grenson est renforcé par les couleurs donnant corps à la fois à la froideur du grand-père avec des décors aux tons clairs, lumineux sans couleurs chaudes et à la fois à la guerre et au trouble de Billy par des tons plus ocres, rouge ou orange rappelant le sang et le feu.

Le second tome clôt parfaitement le diptyque, réussissant à ne pas répéter le premier tome. À l’image de ce qu’un Clarke a pu faire avec le récent Nocturnes, on espère vite retrouver la douceur de l’écriture d’olivier Grenson