7.5/10Destins - Tome 5 - Le fantôme

/ Critique - écrit par athanagor, le 12/09/2010
Notre verdict : 7.5/10 - Dans de beaux draps (Fiche technique)

Tags : tome destins frank giroud livres glenat corbeyran

Second tome de la deuxième vague de sortie de Destins, Le fantôme se pose comme un BD de très bonne facture, où le scénariste et le dessinateur ont su donner corps à la philosophie de départ.

Décidée à sauver Jane, cette immonde truie capitaliste qui ne mérite même pas l'électricité qu'elle va pomper pour son électrocution (en même temps, ça la changera), Ellen se dirige résolument vers l'aéroport. Pourtant, le sort ne veut pas d'elle et préfère la laisser à Londres, là où on a le plus besoin d'elle. Dylan, son fils, a provoqué un incendie pour forcer ses parents à lui porter plus d'attention. Et en ce sens, il a plutôt réussi son coup. Dans cette sinistre épreuve, toutes les forces de ses parents seront nécessaires et les pertes seront colossales. Mais malgré tout cela, Ellen ne parvient pas à se décharger de sa culpabilité, et celle-ci se rappellera à son bon souvenir d'une manière inattendue.

Dans ce tome, l'accent a été mis sur l'affaire qui empêche Ellen de mener à bien son projet, dans sa première impulsion, quand elle se rend à l'aéroport. Changeant le tracé du destin, cet événement ne va pas moins provoquer des conséquences désastreuses et presque éclipser de l'esprit du lecteur ce qui l'intriguait dans un premier temps. Pourtant l'histoire
de départ ne va pas se laisser spolier si facilement, et sa résurgence semble vouloir affirmer que c'est son rôle à elle de décider du destin d'Ellen. Ainsi, ayant renoncé à son projet de se dénoncer, elle n'en voit pas moins son avenir se couvrir de ténèbres, que l'affaire Jane viendra rendre encore plus sombre.

Cette impression qui vient envahir l'esprit du lecteur, quelques temps après avoir terminé ce tome, que l'histoire de départ est comme un personnage à part entière qui décide de comment les choses doivent se passer, est sans aucun doute du fait de Giroud. Mais à cela il faut adjoindre le beau développement qu'Eric Corbeyran lui donne, articulant les éléments avec maîtrise, pour faire apparaître cette impression progressivement, comme le passage lent d'un objectif photo du flou au net. Secondé en cela par le dessin très fluide d'Espé, riche de détail et de perspectives, c'est avant tout par le fil narratif que l'on est porté d'une page à l'autre. On finit alors par assimiler les éléments au fur et à mesure pour ne pouvoir en faire une synthèse qu'à la dernière page. Construit sur ce rythme idéal, l'opus soufre pourtant de quelques dialogues que n'aurait pas renié un stagiaire en écriture de scénario, cassant parfois la progression par manque de naturel.

Reste un ouvrage fort agréable à lire qui, s'il en était besoin, relance l'intérêt pour cette série où les facéties du destin accouchent de nombreuses possibilités, toutes en direction de ce mystérieux tome 14, qu'on ne pourra lire que dans plus d'un an.