8.5/10Le Dernier livre de la jungle - Tome 4 - Le retour

/ Critique - écrit , le 04/06/2007
Notre verdict : 8.5/10 - Le crépuscule des jours (Fiche technique)

Le Dernier Livre de la Jungle est un recueil. A l'image de Mowgli ressassant son passé, nous suivons avec délectation cette adaptation réussite en songeant au roman d'origine.

Les années passent. Les hommes changent à l'image des paysages mais les souvenirs, aussi douloureux soient-ils, restent gravés dans leurs coeurs. C'est dans la plus grande intimité que Desberg et Reculé clôturent parfaitement le Dernier Livre de la Jungle, quadrilogie librement inspirée de l'oeuvre de Kipling.

Vidjay
Vidjay
Le vieux Mowgly puise ses dernières forces pour conter ses souvenirs à Vidjay. Petit d'homme est devenu adulte, le roi de la jungle ayant trépassé, Shere Khan est pourtant devenu un intouchable. Révolté par la loi des siens l'empêchant de pouvoir retrouver sa bien aimée Vedra, Mowgli rejoint naïvement la cause d'un colon anglais. Se faufilant telle une panthère pour écouter les conversations, le jeune garçon revient la nuit tombée donner des noms pour accuser à tort des familles soupçonnées de trahir l'Empire britannique. Il obéit aux ordres, aveuglé naïvement par l'espoir d'amasser assez d'argent pour intégrer un rang suffisamment prestigieux aux yeux des personnes entourant Vedra. Mais Mowgli va se rendre compte à ses dépends de la perversité des hommes. Une perversité qui le traquera jusque dans la jungle de son enfance, là où lui seul était jadis maître du royaume végétal.

 

Mieux que le prince de Perse
Mieux que le prince de Perse
Fidèle à lui-même,
Stephen Desberg ne trahit pas ses lecteurs dans ce dernier volet. Nous retrouvons une ultime fois cette ambiance envoûtante, débordant de nostalgies et de regrets. Le scénariste mêle un ton littéraire que l'on retrouve dans la conversation entre animaux, puis une narration plus libre et adaptée au format bd. La symbiose des deux permet ainsi de créer un récit original tout en étant une continuation logique à l'oeuvre d'origine. Les grandes lignes ne sortent pas des sentiers battus certes. La loi des hommes est ainsi plus impitoyable que celle de la jungle, mais aussi davantage artificielle lorsque nous regardons le système illogique des castes. Même si l'intrigue demeure classique dans le fond, le lecteur la dévorera avec plaisir, bercé par l'ambiance intemporelle et la sensibilité de ses protagonistes. Pas de dialogues surabondant ou de trop grand moment de silence. Desberg manie bien sa mise en scène en ayant une vision précise sur la signification de ses plans.


Le coup de pouce graphique ne vient pas ménager les éloges. Henri Reculé dessine toujours dans un style réaliste dégagé par des lignes claires. La gestuelle est gracieuse, les personnages vivants de par leur expressivité. Le découpage se veut sobre mais suffisamment dynamique pour éviter à l'histoire de sombrer dans la morosité, notamment par le biais de plan fixes. Demeure enfin la coloration réalisée à la main, qui vient accentuer l'effet-souvenir bordé par le papier jauni. Pas de retouches sur ordinateur, pas d'effets inutiles, la réalisation de cette série est à l'image du récit lui-même.

Le Dernier Livre de la Jungle est un recueil. A l'image de Mowgli ressassant son passé, nous suivons avec délectation cette adaptation réussite en songeant au roman d'origine. Un ouvrage que nous conserverons volontiers dans nos bibliothèques, jusqu'au jour où une jeune main malhabile décidera à son tour de découvrir ces pages jonchées de souvenirs.