8.5/10Y le dernier homme - 2005-2006 - Le scoop

/ Critique - écrit par riffhifi, le 25/10/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Le scoop est pleine (Fiche technique)

Tags : film comics cinema films jean comedie brian

Imaginez qu'il ne reste plus qu'un seul homme sur Terre. Mais que toutes les femmes aient survécu. Serait-ce le paradis pour ce mâle solitaire ? Pas vraiment...

En septembre 2002, le scénariste Brian K. Vaughan et la dessinatrice Pia Guerra entamait une ambitieuse série en 60 épisodes qu'ils achevèrent en janvier 2008. Le tout fut recueilli religieusement en 10 tomes dont Panini reprend scrupuleusement le découpage pour la traduction française ; à l'instar de 100 bullets, les deux premiers tomes sont parus chez Semic, avant que Panini prenne la relève à partir de l'album Un petit pas. Inutile de dire qu'il est conseillé de tout manger (d'autant plus qu'il s'agit au final d'une histoire complète), mais chaque volume peut éventuellement se déguster en solo, comme les 100 bullets. Ce mois-ci en librairie :
le septième tome, sorti aux USA en 2006 sous le titre Paper dolls.

En juillet 2002, tous les hommes meurent sauf un. Par "homme", on ne désigne pas l'être humain, mais bien le spécimen qui possède une bistouquette et un chromosome Y. Ironie du sort, le survivant se prénomme Yorick... Hélas, pauvre Yorick, doit-il être ou ne pas être ? A la recherche de sa fiancée Beth, le jeune homme aide également un groupe de femmes (les groupes d'hommes, ça n'existe plus, remember ?) à retrouver Esperluette (en anglais Ampersand), le seul singe mâle à avoir survécu. Si vous ignorez ce qu'est une esperluette, apprenez qu'il s'agit de ce signe dont vous ne connaissiez pas le nom : &

La lettre Y, totalement vide de sens lorsqu'on la sépare de l'histoire, se charge au contraire d'une multitude de significations au contact des auteurs. Il désigne bien entendu le chromosome Y et le héros Yorick, mais signifie également « Pourquoi ? » (en anglais la lettre se prononce « Why ») et renvoie ainsi à l'interrogation des personnages sur le mal qui a frappé les mâles. Le logo de la série évoque également la crucifixion du dernier homme, qui représente à la fois un vestige du passé et le seul espoir d'y retourner. La dernière image du premier épisode le montre d'ailleurs « épinglé » à l'aide d'un appareil photo, prêt à être jeté en pâture au monde en tant que scoop (d'où le titre). On note également que la plupart des couvertures de la série (toutes ?) recèlent la lettre Y de façon plus ou moins évidente...


Mais la saveur de ce comic ne réside pas uniquement dans sa capacité à distiller des indices métaphoriques et des codes dans les coins de ses pages. Les personnages ont une réelle épaisseur, et sont parfois décryptés à l'aide de flash-backs salutaires (l'épisode Association d'idées, qui revient sur la jeunesse de l'agent 355 à coups d'images décontrastées et de références populaires bienvenues) ; et la situation dingue dans laquelle le monde se trouve plongé laisse libre cours à la satire (qu'il serait hâtif de qualifier de misogyne, l'un des deux auteurs étant une femme) aussi bien qu'au thriller. Quant au dessin lisible et dynamique de Guerra, il est entrecoupé de magnifiques couvertures de Massimo Carnevale qui ne gâtent rien. On attend avec impatience les trois dernières livraisons, qui ne mèneront peut-être pas pour autant à une conclusion hollywoodienne, Vaughan ayant déclaré que les interprétations de l'histoire restaient multiples. Hollywood n'a pourtant pas peur du défi (ou de la boucherie), car les droits d'adaptation sont acquis et le film déjà en cours de développement...


Y : The last man #37 - Paper dolls / Le scoop 1/3
(novembre 2005)
Y : The last man #38 - Paper dolls / Le scoop 2/3 (décembre 2005)
Y : The last man #39 - Paper dolls / Le scoop 3/3 (janvier 2006)
Y : The last man #40 - The hour of our death / A l'heure de notre mort (février 2006)
Y : The last man #41 - Buttons / Association d'idées (mars 2006)
Y : The last man #42 - 1,000 typewriters / Mille machines à écrire (avril 2006)