7.5/10Les Corsaires d'Alcibiade - Tomes 1 et 2

/ Critique - écrit par iscarioth, le 22/07/2006
Notre verdict : 7.5/10 - L'alchimie des corsaires (Fiche technique)

Tags : tome alcibiade eur corsaires filippi liberge livres

Critique des tomes 1 et 2 : D'abord pensé comme un huis clos un peu lourd, Les corsaires d'Alcibiade évolue positivement vers plus d'action, plus d'aventure, tout en continuant de soutenir un contenu dense.

Eric Liberge, un nom qui colle à une oeuvre : Monsieur Mardi-Gras Descendres, un monument du noir et blanc composé entre 1998 et 2005, mettant en scène un au-delà très à l'opposé des représentations auxquelles on nous a habitué. Alors qu'en 2005 sort le quatrième et tout dernier tome de Monsieur Descendres, venant clore en apothéose graphique une très impressionnante série, Eric Liberge entame une nouvelle aventure, celle des Corsaires d'Alcibiade, en collaboration avec Denis-Pierre Filippi, scénariste notamment de John Lord, Marshall, Ethan Ringler et du Croquemitaine.

Du huis-clos peu démonstratif...


L'histoire est celle de cinq jeunes gens, recrutés de force dans une organisation secrète britannique, au service de la couronne. Nous sommes en 1825. Elites secrètes, le premier album, est tout entier articulé autour de jeux de pistes. Nos jeunes gens doivent réussir différentes épreuves pour être définitivement recrutés et sont entraînés dans une espèce de labyrinthe mécanique. La force, l'intelligence ainsi que le travail d'équipe seront des qualités à développer pour s'en sortir vivant. Elites secrètes, le premier tome, est donc un huis clos lors duquel les personnages prennent place, se découvrent aux yeux du lecteur. Filippi a pris soin de composer des dialogues insistant sur les rapports entre les membres de l'équipe. Pas d'amourettes, mais des caractères qui s'opposent et qui composent, des traits d'esprit et autres remarques piquantes ou ironiques. A la première impression, on se dit qu'Eric Liberge, qui excellait tant dans la représentation d'un monde fait de squelettes, se débrouille moins bien avec des personnages de chair et de sang. Son dessin est assez statique et froid. Le plus dérangeant reste les personnages féminins, parfois très difficile à dissocier, et toujours très typés, sans véritable caractère physique (de belles grandes femmes aux lèvres pulpeuses, aux cheveux longs et à la poitrine débordant du corsage).

...à l'explosion de la grande aventure.


Fort heureusement, Eric Liberge conserve toutes ses qualités de metteur en scène. On a pu apprécier, avec Monsieur Mardi-Gras Descendres, tout un travail sur la mécanique et le métal qui se poursuit ici. La petite élite secrète ici présentée possède une avance technologique science-fictionnelle et évolue dans des lieux très ambiancés, où les objets ont une saveur à la fois rustique et en avance sur leur temps. Les choses évoluent dans un sens plus positif avec le tome deux, intitulé Le rival. Curtis, Maryline, Mike, Lydia et Peter, notre bande fraîchement formée, s'investit dans une première mission, la recherche d'un trésor. On passe du huit clos au genre d'aventure. La démonstration graphique de Liberge est décuplée. Timides sur le premier tome, les réalisations du dessinateur se font explosives. La palette de couleurs est bien plus riche et plusieurs scènes spectaculaires amènent de belles planches. On a droit à une magnifique scène de bataille navale, à de belles scènes sous-marines et dans la jungle. Beaucoup plus orienté aventure/action, le deuxième tome des Corsaires nous amène sur une île d'anthropophages, ce qui donne lieu à de quelques scènes gores qui raviront les amateurs du genre.


D'abord pensé comme un huis clos un peu lourd, Les corsaires d'Alcibiade évolue positivement vers plus d'action, plus d'aventure, tout en continuant de soutenir un contenu dense, au niveau des dialogues et du cheminement scénaristique. Peut-être une nouvelle référence sur les bibliographies de Liberge et Filippi.