6.5/10Le Concombre masqué - Tome 12 - Le monde fascinant des problèmes

/ Critique - écrit par riffhifi, le 26/09/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Human cucurbeat box (Fiche technique)

Le concombre a 44 ans ! Lovelace Cucurbite continue sa trajectoire absurde sous l'égide du fan de calembour Mandryka. Mais le surréalisme sur 62 pages, c'est comme l'éternité : un peu long vers la fin.

Le Concombre Masqué, créé dans Vaillant (devenu Pif) en 1965, a promené son chapeau et son imperméable dans Pilote et L'écho des Savanes, et s'est vu publié en album chez Futuropolis, Dupuis et Dargaud. Pourtant, jamais il n'a été séparé de son papa Nikita Mandryka, ni de son univers surréaliste inimitable. Lovelace Cucurbite, le concombre derrière le masque, est un chanteur adepte de la pensée inique en robe de chambre, et tient une forme étonnante malgré sa nature même
de légume. Dans ce nouvel album, il est en bisbille avec son rédacteur en chef le radis (navet ?), et refuse de signer un contrat sur les droits dérivés en pensant qu'il est question des droits des rivets. Sur ces entrefaites, une armée de rivets intervient, et l'un d'entre eux devient le compagnon de voyage du Concombre dans l'aventure qui s'ensuit. Pour compléter le trio, et l'empêcher ainsi de devenir un duo, une patate en slip (à moins qu'il ne s'agisse d'une pomme de terre ?) se joint au concombre et au rivet pour découvrir... quoi au fait ? Toujours est-il qu'il paraît urgent de se rendre au milieu de Nulle Part, en partant de Rien et en prenant la tangente au lieu d'aller à gauche ou à droite.

Kesskilya Angkor ?

Marrant : en 2009, et malgré le parcours chaotique du personnage (différents éditeurs, une interruption de quatorze ans entre 1992 et 2006), Le Concombre Masqué est une bande dessinée qui ne change pas d'aspect, au point de donner l'impression que ces planches réalisées il y a quelques mois datent déjà de vingt ou trente ans. Pourtant il faut se rendre à l'évidence : Le monde fascinant des problèmes n'existait pas avant, c'est donc qu'il est nouveau. Prenant le parti de l'histoire complète plutôt que des gags en une planche ou des historiettes de quelques pages (formats que le légume a déjà largement arpentés avec succès), ce nouvel album relate l'aventure d'un petit groupe en terre surréaliste, avec les habituels calembours et jeux de mots en
pagaille, foisonnant dans les dialogues et prenant occasionnellement forme dans l'action (ainsi, ce personnage qui se retrouve littéralement plongé dans un abîme de perplexité).

Allez Luyah !

Donc oui, le Concombre est égal à lui-même, ne souffre d'aucune compromission aux diktats de la narration traditionnelle, du suspense, de la psychologie ou même de la logique. Les relations de cause à effet relèvent de l'onironautique, du surréalisme, et bien malin qui saura dire ce que le scénario peut bien signifier. Du coup, 62 pages de ce régime peuvent paraître un brin indigeste, trop bordéliques ou reposant sur des jeux de mots trop échevelés (et, pour certains d'entre eux, déjà vu mille fois). Mais le petit monde de Mandryka reste assez unique pour être attachant, d'une manière assez comparable au Génie des Alpages de F'murr.