8/10Le Complexe du chimpanzé - Tome 3 - Civilisation

/ Critique - écrit par riffhifi, le 04/01/2009
Notre verdict : 8/10 - Civils, lisez ! (Fiche technique)

La trilogie de Marazano et Ponzio trouve ici une conclusion logique. De la science-fiction intelligente, voire intellectuelle, somptueusement illustrée à grand renfort de photo-réalisme.

Après Les fils d'Arès en début d'année, Richard Marazano et Jean-Michel Ponzio bouclent leur trilogie spatiale complexe (elle l'est, ce n'est pas un jeu de mots gratuit). Là où le tome précédent fourmillait encore de personnages, celui-ci se trouve recadré sur Hélène et Aleksa, coincés au terme d'un voyage bien plus existentiel que prévu.


Seuls survivants à bord de leur vaisseau à la dérive, Hélène et Aleksa sortent de cryogénie pour découvrir qu'ils ont été annexés par un vaisseau bien plus grand, d'origine inconnue. Ils savent que 70 ans se sont écoulés sur Terre depuis le début de leur sommeil, et que leurs chances de retour sont quasiment nulles (et pour retrouver quoi ?). Poussés par ce qui leur reste de curiosité scientifique, ils partent à la découverte du bâtiment inconnu...

Pinacle de la claustrophobie et de l'angoisse que peut susciter le voyage spatial, ce troisième s'avère graphiquement très cohérent avec les deux autres, avec une plongée dans la noirceur qui, bien qu'inévitable étant donnée la tournure des évènements, fait un peu froid dans le dos. Entre-temps, Jean-Michel Ponzio a fait un détour par l'adaptation littérale de film en BD (Inju, évitable), et le premier tome du Complexe du Chimpanzé a reçu le Prix BD 2008 du Musée de l'Air et de l'Espace. La qualité technique et scientifique de l'œuvre ayant été saluée, il restait à la clôturer avec rigueur et intelligence.

Continuant d'explorer la théorie développée dans les deux thèmes précédents, Civilisation (curieux titre, dont le sens paraît ouvert à l'interprétation) rappelle
encore une fois les classiques cinématographiques du genre : si Solaris est toujours présent à la lecture de ce dernier tome, on pense également au plus récent Sunshine de Danny Boyle, jusqu'à la mise en scène d'une scène en particulier. Les auteurs font fi du sentimentalisme : même lorsqu'il s'agit des rapports d'une mère à sa fille probablement déjà morte de vieillesse, les protagonistes font preuve de réactions plutôt crédibles au vu de leur situation. Et si les dernières pages recentrent le récit sur l'aspect humain, à l'aide d'un peu de facilité scénaristique, ce n'est que pour mieux servir le propos...

L'ensemble apparaît plus austère que les deux précédents chapitres, mais apporte une fin logique à une histoire intéressante et brillamment illustrée. Une réussite pour amateurs de science-fiction documentée.