Le Complexe du chimpanzé - Tome 2 - Les fils d'Arès
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 01/03/2008 (Science-fiction oppressante au photoréalisme impressionnant : on attend désormais avec impatience le troisième et dernier volet du Complexe du chimpanzé.
Avec son intrigue pleine de mystère et ses graphismes saisissants de réalisme, le premier tome du Complexe du chimpanzé sorti l'an dernier ne laissait pas indifférent. Cette deuxième partie vient confirmer l'efficacité et le talent du duo Ponzio-Marazano.
Octobre 2035. Hélène Freeman, astronaute, est toujours en état de cryogénie et en route pour la planète Mars. Elle et son équipe y feront des rencontres bien étranges, aussi blasés soient-ils depuis qu'ils ont côtoyé les sosies de Buzz Aldrin et Neil Armstrong. Pendant ce temps, Sofia, sa fille de dix ans restée sur Terre, se sent un petit peu abandonnée...
En lisant Le complexe du chimpanzé, il est difficile de ne pas se sentir au cinéma. Jean-Michel Ponzio et Richard Marazano revendiquent d'ailleurs tous les deux leur
passion pour le septième art, le premier ayant même travaillé à Hollywood comme concepteur de décors (pour Batman & Robin, Fight Club...). En l'occurrence, la référence des deux auteurs semble être la science-fiction existentialiste, un genre assez peu courant mais récipiendaire de quelques œuvres d'une force incontestable : Solaris, 2001 l'odyssée de l'espace, Silent running, Sunshine... On retrouve ici cette même volonté de chercher la nature de la condition humaine aux confins de la galaxie, cette quête métaphysique qui consiste à pousser les limites de la connaissance jusqu'à l'abstraction : plus on s'éloigne de notre planète, plus les théories purement intellectuelles paraissent applicables en pratique.
Par rapport au tome précédent, Les fils d'Arès a la bonne idée de ne pas insister trop sur la partie "terrestre" de l'histoire, laissant cette fois la fille d'Hélène en-dehors du cœur du sujet : la mission vers Mars (et on évite de citer le film malheureusement raté de Brian De Palma qui porte un titre sensiblement similaire). On peut même s'étonner que la couverture mette Sofia en vedette, fût-ce dans une représentation métaphorique qui juxtapose son bus de province avec l'espace sidéral et le vaisseau de sa mère (une version développée de la vision de la page 23). Mais à en croire le visuel annoncé du troisième et dernier tome, il traitera des retrouvailles de la mère et de la fille, la relation entre les deux étant
toujours présente à l'esprit des auteurs.
Le complexe du chimpanzé a tout pour plaire à différents publics : les scientifiques férus d'histoire de la conquête spatiale (après le versant américain, c'est ici l'astronautique russe qui est mise en avant), les passionnés d'aventure humaine (le suspense est omniprésent), les amateurs de réflexion (il y en a, et celle-ci est loin d'être un simple prétexte dans l'album) et les fous de graphisme léché aux contrastes dynamiques et violents. Parce que visuellement, la bd fait du bien aux rétines : le réalisme absolu des visages (probablement dessinés d'après photos) n'est pas encombrant ni générateur de statisme, comme c'est souvent le cas ; et les décors sont impressionnants et souvent vertigineux. La fin de la trilogie est annoncée pour la fin de l'année. Heureusement, parce qu'on n'aurait pas voulu attendre 2035.