6.5/10Comme chez toi

/ Critique - écrit par Maixent, le 13/06/2013
Notre verdict : 6.5/10 - Histoire de filles (Fiche technique)

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Carole Maurel est une trentenaire, illustratrice de métier, qui, pour son premier album traite de ce qu’elle connaît. Sans s’ancrer dans une vision autobiographique, elle a décidé de parler des grands thèmes liés à sa génération et son milieu à travers l’aménagement en longueur de Steph à Paris.

Etre auteur ne signifie pas toujours posséder un imaginaire développé et
Copine maman
débridé permettant de faire naître des univers extraordinaires. Il y a aussi ceux sans imagination, dont le talent réside dans la narration et l’art de récupérer des bouts de vie, propres ou volés à d’autres, et de les assembler pour former un tout. Il semble que Carole Maurel appartient à la deuxième catégorie. Ses personnages sont un mélange de vraies copines et de caricatures. L’héroïne, Steph, lesbienne à frange, est entourée de la rousse Anouk, mère célibataire connue pour son franc-parler, Sophie, candidate idéale pour relooking express et squattée par sa mère, Jo, la pépette parisienne toujours prête à faire la fête et Fanny, la copine qui souffre en permanence à cause d’un mec toujours différent et toujours pareil.

A travers le fil conducteur qu’est Steph, squattant tour à tour chez ses copines en attendant la réfection de son propre appartement, plusieurs portraits de femmes voient le jour. Construites selon des saynètes, elles
Copine festive
mettent à jour leur quotidien, leurs petites faiblesses et leurs choix de vie. Si on est souvent proche de la caricature, cela n’empêche pas des situations plutôt sympas même si on n’y trouve rien de vraiment révolutionnaire. Ce qui est surtout mis en valeur c’est cette intimité que l’on partage différemment avec ses amis à partir du moment où l’on entre dans leur quotidien, leurs  habitudes qui deviennent  un fort point d’ancrage ou de permettre de comprendre vraiment la personne. La relation entre les copines est très bien rendue, à la fois insupportables et attachantes, elles prennent vie sans difficulté, rappelant obligatoirement des personnes connues. Elles illustrent parfaitement la « languedeputerie » typique de certains groupes de filles, ce qui n’empêche en rien une amitié sans faille, l’auteur jonglant parfaitement sur ces relations qui peuvent paraître étrange pour un œil extérieur mais qui fonctionnent par ailleurs très bien.

Le dessin illustre bien le propos sans pour autant lui conférer une âme.
Copine déprime
On comprend bien les situations et on reconnait les héroïnes. Pour le reste on est dans quelque chose de graphique, ce qui est d’autant plus visible par l’utilisation abusive de la couleur. Chaque page est mise en évidence par une couleur unique, attirant l’œil du lecteur sur un tout, à l’instar d’une image publicitaire. Et si l’effet est réussi, il reste un peu grossier, coupant la fluidité de l’album que l’on retrouve pourtant dans la narration.

Au final, c’est un travail abouti et appliqué, avec parfois de belles surprises mais manquant de spontanéité. On sort un peu des clichés girly de la bd mais sans jamais prendre trop de risque. On a là un premier album dans l’air du temps, qui ne fera sans doute pas date mais rempli son contrat et se place dans une catégorie tout à fait honorable.