8.5/10Commando Colonial - Tome 3 - Fort Thélème

/ Critique - écrit par riffhifi, le 04/11/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Fort (Fiche technique)

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Appollo et Brüno ne s'arrêtent plus : leurs héros antillais continuent à traverser la Seconde Guerre Mondiale avec stoïcisme, explorant les zones de guerre les plus méconnues. Un plaisir.

Les amateurs du dessinateur Brüno n'ont pas besoin d'exhortation pour se procurer le troisième tome de Commando colonial : ils ont déjà les deux premiers, soigneusement rangés aux côtés de Nemo, Junk, et du diptyque Biotope déjà scénarisé par Appollo. Pour les autres, il est encore temps de se convertir au style visuel unique de l'artiste : ligne claire impeccablement lisse et maîtrisée,
composition des images quasiment géométriques... dans ce nouvel album, Brüno fait occasionnellement penser à Riad Sattouf (le personnage de Max ressemble à Pascal Brutal) ou à Picasso (le profil de Colette), mais ne se renie jamais pour autant. Au rayon des changements, on note également une couverture plus chargée que les précédentes (plusieurs scènes et éléments du récits assemblés comme sur l'affiche d'un film d'aventures d'antan), ainsi qu'une mise en page plus dense, misant sur une base de cinq rangées de vignettes au lieu de quatre.

1942. Le major Antoine Robillard et le quartier-maître Maurice Rivière traversent le désert du Sahara en jeep. Pris dans une tempête de sable, ils se réveillent précisément là où ils se rendaient : au fort Thélème, un avant-poste paumé qui n'a pas encore été visité par les Allemands. Ils réalisent alors que les habitants se sont fabriqués un petit coin de paradis bien agréable, auquel ils ne comptent pas renoncer si facilement...

Une fois encore, on retrouve le cocktail séduisant de la série : aventures aussi exotiques qu'historiques, étude de caractère fine et émouvante (qu'il s'agisse des
deux héros, l'officier réunionnais et le troufion mauricien, ou des personnages secondaires comme ce capitaine aux faux airs d'Obiwan Kenobi), et bien entendu style graphique hypnotisant. Avec une intrigue concentrée cette fois en un endroit unique, perdu au milieu du désert, Appollo et Brüno donnent au récit un caractère plus oppressant.

Quelque part entre le western, le récit de guerre fantasmé et le drame humain, Commando colonial donne à voir un versant peu connu de la Seconde Guerre Mondiale, tout en s'attachant à un duo de personnages particulièrement réussis. On se prend d'autant d'affection pour le Robillard digne et droit en toutes circonstances, que pour le Rivière cru et spontané qui entonne fièrement l'hymne réunionnais en plein milieu du Sahara : « Ti fleur fanée ! Ti fleur aimée ! Dis à moin toujours quo'qu'c'est qu'l'amour ! »...