5/10Les Colocataires - Tome 2 - Gueules de bois

/ Critique - écrit par iscarioth, le 12/06/2006
Notre verdict : 5/10 - De l'épuisement du folklore... (Fiche technique)

Ce nouvel album devrait contenter une bonne partie des amateurs du genre quotidien mais en répugner quelques autres, sensibles à la nuance et à la consistance.

On a assisté en 2005 aux débuts du scénariste Sylvain Runberg avec le premier tome des Colocataires. Moins d'un an plus tard, la sortie du deuxième tome est assez attendue, surtout depuis la parution d'Orbital, l'une des petites claques de l'année. Le premier album des colocataires nous laissait face à un dilemme : d'un côté le premier opus amusait par son ton très quotidien et enjoué, de l'autre, il agaçait par des mimiques simplistes et réductrices. Lequel des deux fossés se creuse avec ce deuxième tome, Gueules de bois ? Le mauvais, semble-t-il bien.

Vazi, man, comment t'es re-lou !


Nos quatre colocataires évitent de justesse l'expulsion puis s'investissent dans l'organisation d'un petit concert mis en place à la fac par un syndicat étudiant, pour lutter contre la vétusté des locaux. La représentation de la vie étudiante, à la « californienne », était déjà largement irritante dans le premier album, car trop caricaturale. C'est encore plus le cas ici. Les dialogues sont à s'arracher les cheveux tant ils s'appuient démesurément sur un langage « djeun's » mal maîtrisé, avec du franglais et quelques mots ridicules car déjà périmés comme « relou ». Sylvain Runberg nous ressort de derrière les fagots l'éternel débat étudiant blocage/anti-blocage. L'énervant n'est pas que les thèmes abordés sont en vogue, mais plutôt que ceux-ci sont sous-traités avec simplisme. Les différents discours sont simplifiés à l'extrême et, à en croire l'album, l'argumentaire de base du « jeune » n'évolue pas d'un poil entre la sortie du collège et l'entrée à la fac. Cerise sur le gâteau, le scénario frôle parfois la moralisation, avec des points de vue anti-individualiste et anti-drogue tranchés qui transpirent très grossièrement.

Sous la plage, les pavés... Ah non c'est l'inverse... Oh puis m'en fous !


Eh oui ! Jouer du Nirvana, squatter les amphis, faire des soirées pizza, courir les filles, c'est ça la vie étudiante, ne cherchez pas plus loin ! Le cliché le plus énorme de l'album est très certainement ce syndicaliste en salopette, habillé comme un prolétaire du début du vingtième siècle : de la véritable caricature de compétition ! Bref, arrêtons là les sarcasmes, inutile d'insister davantage, vous avez saisi l'importance du folklore. On relève tout de même quelques points positifs. Il y a la référence, frontale mais tellement vraie, à la manipulation médiatique. Appréciable aussi, le personnage de Max, toujours aussi détestable et embourbé dans ses mensonges. Enfin, il y a le dessin de Christopher, agréable à parcourir et adapté au ton du récit.


Ce nouvel album devrait contenter une bonne partie des amateurs du genre quotidien mais en répugner quelques autres, sensibles à la nuance et à la consistance.